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Politique

Le prochain Premier ministre sera-t-il de gauche, de droite, de la société civile... ou la chèvre de Monsieur Seguin

Macron muet, Lecornu perdu, majorité introuvable : la Ve République tourne à vide. Chronique d’un pouvoir qui cherche la sortie du labyrinthe.

Par Jean-François Puech
Publié il y a 9 oct.
3 min de lecture

Lecornu, 48 heures pour rien

Pour les plus jeunes, il existait une série « 24 heures chrono ». Avec Lecornu et Macron, nous avons « 48 heures pour rien ». Depuis lundi matin, nous avons un Premier ministre démissionnaire en mission flash pour trouver une majorité qui ne censure pas un budget hypothétique que personne ne connaît. Mais ce budget, déjà déposé au Conseil d’État, devra être discuté à partir de lundi.

Rassurez vous, mes bonnes gens, l’article 40 de la Constitution, inchangé depuis 1958, veille toujours :

« Les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique. ».

Autrement dit : on parle, on s’agite, mais rien ne bouge.

Macron muet, Lecornu décoré (façon Astérix)

Depuis la démission de son Premier ministre, lundi matin, Emmanuel Macron est resté silencieux.

"Il s'adressera aux Français en temps utile. Mais il s'adressera aux Français, naturellement", assure Sébastien Lecornu.

Quant à lui, il estime avoir fait son devoir et mené ses négociations, comme lui avait demandé le Président de la République. "Je suis un moine-soldat. Ce soir, ma mission est terminée (...) j'ai tout essayé.", résume-t-il. Pour cela il recevra les palmes académiques, la médaille du mérite national, une plaque commémorative à Matignon, et une entrée gratuite à vie au parc Astérix.

Réforme des retraites : suspension ou déni ?

On vit un monde formidable. Elisabeth Borne, qui avait porté le projet, prône désormais dans Le Parisien une suspension de la réforme. Et là, c’est la guerre. Les LR sont au taquet, les écolos et le PS se pâment, le RN fait profil bas, et le bloc central explose. Rassurez-vous mes bons amis :

« Il faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu sur la réforme des retraites », a affirmé Sébastien Lecornu.

Si ça, ce n’est pas taper en touche … Comment le PS, les Ecolos et le PC pourraient-ils valider ça ?

"La suspension de la réforme des retraites serait absolument dramatique pour les générations futures et le maintien de notre système actuel", estime Maud Bregeon, ex porte-parole du gouvernement Barnier, une pièce de plus dans la timbale.

Gauche et RN sur la même longueur d’onde ?

"Tout ça est grotesque", commence Sébastien Chenu, "C'est indécent, c'est grotesque, c'est pathétique", tacle Clémentine Autain.

Bravo Sébastien, 48h de négociation pour avoir un socle commun du rejet. Le député du Calvados et porte-parole du Parti socialiste, Arthur Delaporte, fustige sur X l'interview de Sébastien Lecornu. "Un Premier ministre qui se rêve en analyste politique et qui continue de croire en un 'socle' commun disloqué sous ses pieds. Nager dans l'illusion ne permettra pas de sortir la tête de l'eau.". C’est fou le lyrisme de nos élus quand tout s'effondre.

Bloc central : avis de disparition

Alerte enlèvement : où sont passés les LR et les macronistes ? C’est silence radio depuis hier soir. Ha oui, en fait depuis hier on ne parle plus de "socle commun" mais de "plateforme de collaboration". L’imagination sémantique de nos élus est donc sans limite.

En fait tout est possible, et si le président de la République a gagné du temps, les discussions ne semblent pas avoir progressé d’un millimètre au cours des dernières quarante-huit heures. Les équilibres sont toujours les mêmes et cette fois le RN va censurer tous les gouvernements qui se présenteraient à la tribune de l’AN.  Le chemin évoqué par Lecornu hier ressemble de plus en plus à un labyrinthe dont le créateur aurait Alzheimer.

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