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Politique

Quand le racisme s’invite dans les campagnes municipales

La campagne municipale 2026 vire au cauchemar pour plusieurs candidats bordelais. Attaques racistes, menaces et renoncements : la haine s’installe dans le débat politique.

Par Jean-François Puech
Publié il y a 10 nov.
3 min de lecture
Quand le racisme s’invite dans les campagnes municipales
Racisme politique Photo by Josue Michel / Unsplash

À Bordeaux comme ailleurs, la campagne municipale 2026 révèle un malaise profond. Menaces racistes, attaques ciblées et climat délétère : de Nordine Raymond à Karfa Diallo, les candidats issus de la diversité affrontent la face sombre de la politique locale.

La candidature de Nordine Raymond déclenche un torrent de haine

Candidat LFI pour les municipales de mars 2026 à Bordeaux, Nordine Raymond a reçu plus de 2 000 messages à caractère raciste, dont certains contenant des menaces de mort.

Nordine Raymond a annoncé sa candidature le 3 novembre sous les couleurs LFI à Bordeaux. Dès celle-ci rendue publique c’est le déchainement sur les réseaux sociaux. Avec plus de 2000 messages à connotation raciste le candidat qui n’a jamais caché ses origines ou son orientation sexuelle est confronté à ce qui se fait de pire en termes de démocratie. Le candidat insoumis a reçu personnellement de nombreux messages de soutien (Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, Thierry Trijoulet, maire de Mérignac…).

S’il n’a pas été étonné par le contenu raciste des messages, « car faisant de la politique quand on est une personne racisée, j’en ai toujours reçu », déclare-t-il, c’est l’ampleur qui l’a surpris : plus de 2 000 messages recensés.

Karfa Diallo, même scénario, même violence

Annoncée le 18 septembre 2025, la candidature de Karfa Diallo pour les élections municipales à Bordeaux a elle aussi été l’objet d’attaques racistes sur les réseaux sociaux. Moins d’un mois plus tard, le 10 octobre, le conseiller régional écologiste, a dû renoncer à sa candidature pour plusieurs raisons, parmi lesquelles les « déferlements de racisme » à son encontre.

À Ambarès, la haine s’en prend au maire

À Ambarès, c’est le projet de mosquée porté par le maire Nordine Guendez qui est devenu le prétexte à des attaques d’une violence sidérante, dignes des années 1940 : « Salut toi, rallouf de merde… la France est une terre chrétienne. »
L’auteur a été identifié, placé en garde à vue, et sera jugé le 26 novembre.

Le racisme politique, nouveau langage de campagne

Derrière cette répétition macabre, un même ressort : la banalisation du racisme comme langage politique. Les partis d’extrême droite ne se contentent plus d’insinuer : ils agissent, organisent, structurent une rhétorique dans laquelle l’étranger devient l’ennemi, le migrant le bouc émissaire, et la violence une réponse légitime. Les frontières entre les discours radicaux et les actes violents sont de plus en plus poreuses. Les mots tuent, et souvent, ils précèdent les coups.

Une société qui s’habitue au pire

Mais ce qui est encore plus inquiétant, c’est l’écho de ces discours dans des pans entiers de la société. Ce ne sont plus seulement les marges qui s’enflamment, mais des centres urbains, des classes populaires, des électeurs désorientés par la peur et la colère. Le racisme n’est plus honteux, il devient revendiqué. Il n’est plus clandestin, il s’affiche en pleine rue.

L’histoire nous a déjà prévenus

L’histoire nous a déjà appris où mènent les sociétés qui ferment les yeux sur les premières violences racistes.


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