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Bordeaux

Municipales à Bordeaux : le renoncement amer de Nathalie Delattre

Nathalie Delattre renonce à la mairie de Bordeaux par un post LinkedIn. Un retrait discret, un ralliement flou, et la preuve d’une campagne sans dynamique.

Par La Rédaction
Publié il y a 18 déc.
5 min de lecture
Municipales à Bordeaux : le renoncement amer de Nathalie Delattre

On ne peut pas dire que la campagne des municipales à Bordeaux fasse beaucoup d’heureux. Elle laisse même un goût amer à ceux qui espéraient encore une alternative crédible au duel annoncé. Ce mercredi soir, c’est par un post LinkedIn aussi laconique que lourd de sens que Nathalie Delattre a annoncé renoncer à sa candidature à la mairie. Une sortie discrète pour un abandon politique qui, lui, ne l’est pas.

Une candidature qui n’a jamais décollé

Entre une campagne inaudible et des sondages peu encourageants, la sénatrice et présidente d’un PRG en voie d’extinction locale a choisi de jeter l’éponge. Dans la capitale girondine, l’ancienne candidate n’a jamais réussi à exister politiquement, ni à incarner une dynamique. Trop peu visible, trop peu audible, trop peu fédératrice : l’issue semblait écrite depuis plusieurs semaines déjà.

Une annonce floue, un ralliement à peine assumé

Mais c’est surtout la forme de cette annonce qui interroge. Publié à 20 heures sur LinkedIn, le message se distingue par un exploit assez rare en politique : Nathalie Delattre n’y cite jamais le nom de Thomas Cazenave, pourtant candidat de l’union qu’elle est censée rejoindre. Il faut lire attentivement, presque décrypter, pour comprendre vers qui va son ralliement. (Voir plus bas l'intégralité de sa déclaration)

Le soutien est noyé dans une succession d’explications alambiquées, de justifications personnelles et de considérations générales sur « l’intérêt de Bordeaux ». À chaque ligne transparaît une frustration mal contenue, comme si l’abandon était moins un choix stratégique qu’un renoncement contraint.

Un transfert de voix loin d’être acquis

Ce flou volontaire n’est pas anodin. Il traduit à la fois une difficulté à assumer pleinement ce ralliement et une gêne politique évidente. Dans ces conditions, rien ne garantit que les quelques voix susceptibles de suivre Nathalie Delattre se reporteront mécaniquement sur la liste de centre droit portée par l’ancien ministre macroniste. L’hypothèse d’un transfert automatique des votes relève davantage du fantasme que de la réalité électorale.

Plus encore, il est difficile d’imaginer, dans les semaines à venir, une campagne véritablement commune, avec deux personnalités côte à côte, tant les trajectoires et les cultures politiques divergent. L’union, si elle existe sur le papier, semble déjà fragile sur le terrain. AQUI en parlait déjà dans notre analyse des stratégies des 7 candidats déclarés.

Une campagne toujours sans relief

Pendant ce temps, la campagne reste étonnamment atone. La déclaration annoncée de Pierre Hurmic fin janvier pourrait toutefois rebattre les cartes et donner enfin un peu de vigueur à cette élection municipale qui peine à décoller. À condition, évidemment, que le Parti socialiste et les Verts parviennent à s’entendre d’ici là — un scénario loin d’être acquis, surtout avec une LFI toujours prête à jouer les trouble-fêtes.

Un aveu d’échec plus qu’un coup politique

Dans ce contexte, la sortie de Nathalie Delattre ressemble moins à un coup politique qu’à un aveu d’échec. Un retrait sans élan, sans clarté, et sans véritable bénéfice évident pour le camp qu’elle est censée rejoindre. Pas certain, dès lors, que cette annonce fasse figure de cadeau de Noël pour qui que ce soit.


La déclaration complète sur Linkedin de Nathalie Delattre

Chères Bordelaises, chers Bordelais,

Depuis plusieurs années, je sillonne Bordeaux : j’écoute, échange, partage vos attentes, inquiétudes, envies de changement et je propose des solutions.

Des centaines de Bordelaises et de Bordelais, des partis politiques, l’ensemble des maires du groupe Métropole communes, les élus du groupe Bordeaux Ensemble, ainsi que des centaines de sympathisants et de militants m’ont demandé de reprendre le flambeau de Nicolas Florian et m’ont accompagnée depuis plusieurs semaines pour construire un nouveau projet pour Bordeaux.

De ces nombreux échanges, un message constant s’est imposé : vous voulez le changement. Vous ne voulez pas de divisions. Vous attendez de nous, responsables publics, que nous soyons à la hauteur de l’enjeu : votre quotidien à Bordeaux.

Je le dis avec simplicité : je partage ce besoin pour Bordeaux. L’heure n’est pas aux équilibres subtils. L’heure est à la clarté. L’heure est à créer une dynamique.

Avec d’autant plus d’acuité que les témoignages que je recueille et les situations que je constate sont profondément bouleversants et graves ; ils démontrent l’urgence du changement et de l’alternance.

C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas poursuivre ma candidature à l’élection municipale.Ce choix est un acte de responsabilité.Je fais le choix de l’union, librement et sereinement, parce que je considère qu’une voie unique doit se former pour offrir à Bordeaux une alternance crédible et solide.

Je fais le choix de l’union, car le diagnostic que nous avons posé et les projets que nous avons dessinés ne peuvent être portés de façon similaire par deux listes ; cela n’aurait aucun sens et serait voué à reproduire le résultat de 2020.Responsabilité et lucidité n’enlèvent rien à mes convictions, mais elles commandent ce geste : unir nos forces pour cette campagne municipale. Je demande et souhaite que cette décision permette à Thomas Cazenave et à tous ceux qui auront la lourde charge d’être sur cette liste d’union de porter une alternance forte et réaliste.

Par cette décision, je reste fidèle à ce que j’ai toujours été : une femme politique qui met l’intérêt général au-dessus de toute autre considération.À mes équipes, à celles et ceux qui m’ont accompagnée, je veux dire ma fierté. Notre campagne a fait émerger des idées fortes, des propositions nouvelles, une manière différente de concevoir la vie publique. Tout cela nourrit désormais le débat et servira demain la ville de Bordeaux, et vous toutes et tous.

Je continuerai à m’engager pour Bordeaux, comme je l’ai toujours fait, comme élue locale et sénatrice de Gironde. Je continuerai à œuvrer pour Bordeaux avec les valeurs qui m’animent : humanisme, solidarisme et libéralisme.

Je fais ce choix pour Bordeaux. Notre ville mérite ce qui rassemble, jamais ce qui divise.Je vous remercie sincèrement pour votre soutien et engagement, pour cet amour partagé de Bordeaux.

Avec tout mon dévouement et ma fidèle amitié,

Nathalie Delattre

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