La Forêt Usagère de La Teste-de-Buch n’est pas à vendre
La Forêt Usagère de La Teste-de-Buch se reconstruit après l’incendie. Mais quel avenir pour ce patrimoine unique ? Entre régénération, usages séculaires et pressions politiques, les Syndics tracent la voie d’une forêt collective à protéger.

Trois ans après l’incendie de 2022, les Syndics généraux de la Forêt Usagère de La Teste-de-Buch publient un communiqué qui sonne comme un manifeste : la forêt n’appartient ni aux politiques, ni aux intérêts particuliers. Elle se reconstruit, patiemment, selon ses règles.
Forêt Usagère : Un chantier hors normes après le désastre
De janvier 2023 à juillet 2024, un travail colossal a été mené pour appliquer la fameuse «Transaction de 1917» de la Forêt Usagère de La Teste de Buch. Ce texte fondateur encadre la gestion de ce massif unique. Elle prévoit, entre autres, les modalités à mettre en œuvre pour gérer les conséquences de l’incendie.
Le bilan impressionne :
- 600 000 tonnes de bois évacuées en un temps record,
- 1 million de graines collectées pour nourrir la régénération,
- des recettes réparties entre les parties prenantes selon les règles prévues par la transaction.
Les Syndics soulignent qu’ils ont « travaillé dans le sens de l’intérêt collectif » pour relever la Forêt Usagère de ses cendres et ainsi préparer la renaissance de ce massif patrimonial. L'ensemble du collège des Syndics Généraux a pris ses responsabilités pour travailler main dans la main. Là où le statut même de la forêt aurait pu vaciller, l’unité a prévalu.
Quel avenir pour la Forêt Usagère ?
Mais l’urgence passée, c’est désormais l’avenir qui se dessine. Les Syndics annoncent l’élaboration d’un « projet de massif ». Objectif : offrir un cap clair aux propriétaires, usagers et collectivités. Gouvernance, régénération, cabanes, exercice des usages au XXIᵉ siècle… tout sera mis sur la table.
Une question simple se pose : Que veut-on pour la Forêt Usagère de demain ? Pour la structurer, un Livre Blanc sera lancé. Il s’appuiera sur une large concertation et sur un apport d’expertise pluridisciplinaire : forestière, paysagère, biodiversité, juridique, sociale, sociétale. Un groupement d’experts sera sélectionné après mise en concurrence pour garantir la solidité du travail.
Tenir la forêt à distance des appropriations politiques
Si de tels résultats ont été atteints ces trois dernières années, c’est parce que les Syndics ont tenu le cap de l’intérêt collectif, en plaçant les besoins de la forêt avant ceux des individualités et des opportunismes qui gravitent autour d’elle.
Et pour rester fidèles à cette ligne, ils font aujourd’hui un choix assumé : reporter les travaux de mise en œuvre du Livre Blanc à l’issue des élections municipales. Pas question de voir le projet happé par les appétits politiques. Les Syndics veulent éviter « les pressions ou appropriations propres à une campagne électorale », rappelant que « la forêt a tout son temps, et qu’il ne faut pas confondre vitesse et précipitation ».
Cette période sera mise à profit pour finaliser le cahier des charges. Et d’ici là, les règles de bon sens continuent de s’appliquer :
- pas de coupe de pins verts ayant survécu à l’incendie,
- prélèvement limité aux pins affaiblis ou mourants,
- utilisation du bois mort ou des rémanents pour couvrir les besoins en chauffage des usagers.
Une ligne de conduite : l’intérêt collectif
Les Syndics insistent : les résultats obtenus depuis trois ans sont le fruit d’une ligne claire, centrée sur la forêt et non sur les intérêts particuliers. C’est cette ligne qu’ils veulent maintenir pour les années à venir.
Un message limpide : la Forêt Usagère ne sera ni un butin électoral, ni un actif spéculatif. Elle appartient à une communauté d’usage séculaire, et son avenir doit rester collectif.
FAQ – Comprendre la Forêt Usagère de La Teste-de-Buch
C’est quoi, la Forêt Usagère ?
La Forêt Usagère de La Teste-de-Buch, près d’Arcachon, est un massif unique en France. Elle couvre environ 3 800 hectares et repose sur un système coutumier très ancien : les « droits d’usage ». Concrètement, les habitants peuvent y prélever du bois de chauffage, du bois de construction pour les cabanes, ou encore ramasser des produits forestiers. Ces droits sont encadrés depuis des siècles par la fameuse Transaction de 1468, confirmée ensuite par la Transaction de 1917 (T17).
Pourquoi parle-t-on de la Transaction de 1917 ?
La T17 est le texte fondamental qui régit aujourd’hui une grande partie des règles d’usage, de gestion des bois, et de partage des bénéfices tirés des bois sinistrés. Il a valeur de cadre légal coutumier pour la Forêt Usagère. Elle précise également la façon dont sont réparti les syndics entre usagers et propriétaires (voir ci-dessous).
Les autres droits d’usage, notamment le droit au bois vif au bois, mort, etc. sont précisés dans des transactions plus anciennes.
Qui sont les Syndics généraux de la Forêt Usagère ?
Les Syndics généraux sont au nombre de 4 titulaires et 4 suppléants. Les maires de La Teste de Buch et de Gujan-Mestras, qui représentent les usagers de leurs communes, désignent pour les représenter chacun un titulaire et un suppléant. Les propriétaires, eux, élisent deux syndics de propriétaires + deux suppléants.
Quelles sont les missions des Syndics généraux de la Forêt usagère ?
Leur rôle couvre plusieurs dimensions :
- la gestion collective : faire respecter les règles de la Transaction de 1917, répartir les recettes lorsqu’il y a des bois à évacuer, organiser les assemblées générales.
- la protection et la pérennité du massif : veiller à ce que les coupes ne nuisent pas à la régénération, que les usages traditionnels soient préservés.
Quel est le rôle des Syndics généraux aujourd’hui ?
Depuis l’incendie de 2022, leur mission a pris une importance cruciale : superviser l’évacuation du bois brûlé, gérer la caisse syndicale constituée d’un sixième du produit net des bois ( vendus à l’occasion de l’incendie), et préparer l’avenir du massif à travers un projet global. Ils servent aussi de garde-fous pour que la forêt reste un bien d’usage collectif, et non un objet de spéculation ou d’instrumentalisation politique.
Quel a été l’impact de l’incendie de 2022 sur la Forêt Usagère de La Teste-de-Buch ?
À l’été 2022, un incendie majeur a détruit plus de 7 000 hectares de forêt à La Teste-de-Buch, dont une grande partie de la Forêt Usagère. Pins maritimes, cabanes traditionnelles et biodiversité locale ont été gravement touchés. Des milliers d’habitants ont dû être évacués et l’événement a profondément marqué le territoire. Depuis, un vaste chantier de nettoyage et de régénération a été engagé sous la responsabilité des Syndics généraux afin de préparer la reconstruction du massif.
🔹 Document source : Le communiqué intégral des Syndics généraux
Dans un souci de transparence, Aqui.Media publie ci-dessous le texte intégral du communiqué diffusé par les Syndics généraux de la Forêt Usagère.
« La Forêt Usagère n’est pas à vendre »
Publié en septembre 2025 – Forêt Usagère de La Teste-de-Buch
Suite à l'incendie de l'été 2022 qui a dévasté la Forêt Usagère de la Teste de Buch, les Syndics Généraux ont engagé un chantier hors normes de janvier 2023 à juillet 2024, visant à appliquer la "Transaction de 1917" (T17) qui prévoit les modalités à mettre en œuvre pour gérer les conséquences de ce fléau. 600 000 tonnes de bois ont été évacuées en un temps record, 1 million de graines sont collectées pour venir en aide à la régénération et les recettes sont réparties entre les différentes parties prenantes dans les règles prévues par la T17.
Les Syndics ont travaillé dans le sens de l'intérêt collectif pour relever la Forêt Usagère de ses cendres et ainsi préparer la renaissance de ce massif patrimonial. L'ensemble du collège des Syndics Généraux a pris ses responsabilités pour travailler main dans la main. Alors que le statut de la Forêt Usagère aurait pu être remis en cause, nous avons démontré notre capacité à surmonter les blocages et les querelles qui caractérisaient, il y a encore peu de temps, ce massif.
Les propriétaires et les usagers ont la capacité d'écrire leur avenir
Derrière ce chantier, nous devons à présent penser à l’avenir. Les Syndics ont fait le choix d’élaborer un « projet de massif » qui devra guider l’ensemble des parties prenantes, chacune dans le cadre de ses compétences et responsabilités, afin qu’elles œuvrent en commun dans l’intérêt de la reconstitution d’une forêt de patrimoine. Les thématiques sont larges : gouvernance, régénération, cabanes, exercice de l’usage au XXIe siècle et post incendie, etc. A travers cette démarche, nous posons une question simple : que voulons-nous pour la Forêt Usagère de demain ? Pour y répondre, nous engagerons l’élaboration d’un Livre Blanc qui reposera sur une large concertation de l’ensemble des parties prenantes et sur un apport d’expertise conséquent : forestière, paysagère, biodiversité, juridique, sociale, sociétale, etc. Nous nous appuierons notamment sur un groupement d’experts qui seront sélectionnés après une mise en concurrence.
Œuvrer dans l’intérêt de la Forêt Usagère, c’est avant tout la protéger des appropriations politiques
Les Syndics sont parvenus à de tels résultats sur les 3 dernières années, en premier lieu car nous avons tenu le cap de l’intérêt collectif, centré sur les besoins de la forêt, en délaissant ceux des individualités et des opportunismes qui gravitent tout autour.
Fidèles à ces convictions, les Syndics font donc le choix de reporter les travaux de mise en œuvre du Livre Blanc à l’issue des élections municipales. En effet ce sont les équipes de la prochaine mandature qui seront nos partenaires, et il nous semble responsable d’éviter les pressions ou les appropriations politiques propres à une campagne électorale afin de rester concentré sur la forêt avant tout. La forêt a tout son temps, et il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Cette période sera consacrée à la finalisation du cahier des charges.
Dans cette attente nous maintenons le principe de ne pas couper de pins verts ayant survécu à l’incendie pour servir l’usage mais uniquement des pins affaiblis ou mourant, et de ne prélever que du bois mort ou des rémanents pour servir les besoins en bois de chauffage des usagers. Ces règles de bon sens nous sont réclamées par les usagers et par les propriétaires.