Bordeaux : de la légende du Bistrot Régent au Paradis du Fruit, grandeur et décadence ?
À Bordeaux, la brasserie Clémenceau ferme pour devenir un Paradis du Fruit. Du Régent mythique à la folie healthy, chronique d’une mutation bordelaise.

"A l'époque il n'y avait pas le téléphone portable. Alors pour se retrouver c'était toujours au Régent. J'étais toujours sur d'y croiser des copains. On y passait des heures." Ce témoignage parlera à nombre de (vieux) bordelais.
Place Gambetta, le Clémenceau s’apprête à tourner une nouvelle page. Le 10 octobre, la brasserie fermera pour devenir le premier Paradis du Fruit de Nouvelle-Aquitaine. Une arrivée qui fait grincer quelques dents dans le Bordeaux historique : celui des nostalgiques des grandes brasseries, des nappes blanches et du confit ou de l'entrecôte à toute heure.
Car avant de devenir “healthy”, l’adresse du 46 place Gambetta portait déjà plus d’un siècle d’histoire. Né au début du XXᵉ siècle, le Café-Brasserie Le Régent fut longtemps un repère de la bourgeoisie bordelaise, inspiré des grandes brasseries parisiennes : miroirs, dorures, terrasse animée et service en veste blanche. Il vit défiler la Belle Époque, les Trente Glorieuses et plusieurs générations d’habitués.
Au milieu des années 2000, Marc Vanhove s'en inspire pour créer son concept du Bistro Régent, avant de bâtir son empire national. Puis vinrent Pizza Pino, une longue vacance, et la renaissance du lieu sous le nom Le Clémenceau, signé par l’architecte David Hybre, en 2022.
Trois ans plus tard, rideau.
Bordeaux troque un de ses derniers grand bistrot pour le Paradis du Fruit, un temple du smoothie.
Grandeur et décadence ? ou signe du temps qui passe ?