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Économie

Frenchweb Top 100 des recruteurs en 2025 : Bordeaux absent

Top 100 FrenchWeb 2025 : aucune startup née à Bordeaux. La French Tech bordelaise reste spectatrice, sans sièges ni champions deeptech ou IA.

Par la rédaction
Publié il y a 24 sept.
5 min de lecture
Frenchweb Top 100 des recruteurs en 2025 : Bordeaux absent

Publié pour la 15ème année, le Palmarès Frenchweb du Top 100 des entreprises Tech qui recrutent est toujours plein d’enseignements. Le palmarès 2025 en dit long. Le Top 100, publié aujourd’hui par FrenchWeb, claque comme un miroir sans pitié pour la French Tech bordelaise. Sur 100 noms, aucune startup née en Nouvelle-Aquitaine n’apparaît. Nada. Le désert.

Alors qu’on aime à Bordeaux s’autoproclamer « hub de l’innovation », la réalité est brutale : le cœur de l’écosystème tech français bat ailleurs. A Paris pour l’essentiel. A Bordeaux ? Quelques filiales, des antennes, des petites start-ups rachetées, mais rien de stratégique.

Mirakl, Back Market, ManoMano : Bordeaux, simple boîte postale ?

Soyons honnêtes : la région n’est pas totalement absente. Trois champions nationaux – Mirakl, Back Market et ManoMano – disposent bien de bureaux à Bordeaux avec de grosses équipes. Mais leur siège, leurs décisions, leurs emplois stratégiques ? Tous ailleurs.

  • Mirakl (marketplaces B2B) reste solidement parisienne.
  • Back Market, qui s’est offert un vaste QG de 5 000 m² à Bordeaux-Euratlantique, garde son cœur et son capital à Paris.
  • ManoMano a une antenne dans le quartier Armagnac, mais ses fondateurs et son top management n’ont jamais quitté la capitale.

Bref, Bordeaux sert de vitrine ou de back-office, rarement de centre névralgique. Les sociétés en forte croissance ont compris depuis longtemps qu’une ville comme Bordeaux avait d’autres atouts. Entre une large offre en formation (Ingénieurs, Kedge, Inseec, Digital, Jeux vidéos, Communication…), qualité de vie, et proximité avec Paris, elles y créent des centaines d'emplois qualifiés. 

Startups et French Tech Bordeaux : le paradoxe

Pendant que Doctolib truste la première place du classement et que Mistral AI incarne l’essor de la deeptech, que pèse Bordeaux ?Des acteurs historiques comme Cdiscount, Betclic ou Ubisoft Bordeaux continuent d’embaucher localement. Mais ils ne figurent pas dans ce palmarès. Pourquoi ? Parce que le Top 100 FrenchWeb repose sur des critères de croissance et de dynamique de recrutement à l’échelle nationale. Or ces boîtes bordelaises, aussi solides soient-elles, n’affichent plus les rythmes d’embauches effrénés des années fastes. Aujourd’hui, elles ne grossissent plus, le recrutement compense tout juste le turn over

Les nouvelles stars de l’écosystème bordelais peinent aussi. Ainsi, Tehtris et Treefrog Therapeutics ont annoncé une forte réduction de leurs effectifs. 

Résultat : elles sortent des radars médiatiques, et Bordeaux avec elles. Une mauvaise nouvelle pour l’image de la French Tech Bordeaux et pour l’attractivité des emplois tech à Bordeaux.

Le mirage de la French Tech Bordeaux

En 2025, la région a beau compter plus de 1 500 startups recensées, le palmarès ne retient aucune pépite née ici. Même les success stories régionales comme Systovi (solaire), Elixir Aircraft (aéronautique) ou les biotech du pôle santé restent hors champ. Certes, la Nouvelle-Aquitaine compte 22 000 emplois liés aux startups en hausse de +14% en 2024, mais en 2025 ce sera au mieux une stagnation. 

La faute à quoi ?

  • À un écosystème d’investissement trop centré sur Paris, où se concentrent 70 % des levées de fonds. L’année 2025 marque un gros coup de frein pour les levées de fonds en Nouvelle-Aquitaine (Baromètre EY / France Digitale).
  • À une taille critique insuffisante : rares sont les startups bordelaises qui dépassent les 200 salariés.
  • À une fuite des talents : les profils IA ou deeptech préfèrent rejoindre Paris ou l’étranger.

Nouvelle-Aquitaine : spectatrice du boom IA et deeptech ?

Le signal est inquiétant : à l’heure où la French Tech se restructure autour de l’IA et de la DeepTech, Bordeaux, comme bien d’autres grandes villes de région, reste cantonnée au rôle de spectatrice. La métropole attire certes quelques bureaux satellites, mais ne pèse pas dans la gouvernance des champions.

On peut se consoler en se disant que “quelques centaines d’emplois, c’est toujours bon à prendre”. Mais sans ancrage stratégique, sans sièges sociaux, la région subit plus qu’elle ne façonne. « Croire qu’on sortira une licorne de Bordeaux relève aujourd’hui de l’incantation », confie un investisseur d’un grand fonds de capital-risque.

La vraie question est ailleurs : Comment bâtir un écosystème suffisant ? Comment transformer les salariés des boîtes à succès en fondateurs des futures pépites locales ? Nous avons déjà vu ce mécanisme fonctionner autour du e-commerce avec l’ex-locomotive CDiscount. À méditer. 

Bordeaux face à un choix stratégique ?

Bordeaux se trouve à un carrefour. Elle peut choisir de persister dans ses illusions, célébrant chaque nouvelle implantation parisienne comme un succès et se contentant de son image de "ville où il fait bon vivre" pour des employés de passage. Ou bien, elle peut confronter la réalité : sans sièges sociaux, sans levées de fonds significatives et sans la capacité à retenir ses talents, elle risque de n'être plus qu'une façade. Une façade que Paris, Lyon, ou des acteurs internationaux, n'hésiteront pas à démanteler une fois son utilité épuisée.

Le classement FrenchWeb 2025 n'est pas un simple hasard, c'est un avertissement clair. Le prochain classement, en 2026, pourrait bien signer l'arrêt de mort de la French Tech bordelaise. À moins que, cette fois, le signal d'alarme ne soit enfin entendu.

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