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Économie

Économie de la Nouvelle-Aquitaine : les chiffres du mois d’octobre montrent une région qui résiste

Malgré un climat politique confus, la Nouvelle-Aquitaine fait mieux que résister. Les derniers chiffres de la Banque de France montrent une économie régionale portée par l’aéronautique, les services et un bâtiment en rattrapage.

Par Jacques FROISSANT
Publié il y a 18 nov.
5 min de lecture
Économie de la Nouvelle-Aquitaine : les chiffres du mois d’octobre montrent une région qui résiste
Économie de la Nouvelle-Aquitaine Photo by Bao Menglong / Unsplash

La Nouvelle-Aquitaine s’offre un joli pied de nez au climat politique chaotique. Alors que l’incertitude domine partout ailleurs, la région avance lentement, prudemment, mais mieux que prévu. Les derniers chiffres de la Banque de France contredisent clairement les discours catastrophistes du moment : activité industrielle en rebond, services plus dynamiques, et un bâtiment qui retrouve du souffle.

Dans un pays qui doute, la Nouvelle-Aquitaine continue, tout simplement, de travailler et d'avancer.

Le contexte national : prudence politique, économie qui s’accroche

Selon les 8 500 chefs d’entreprise interrogés entre le 29 octobre et le 6 novembre, l’activité économique nationale reste orientée à la hausse en octobre, portée par :

  • les services marchands,
  • plusieurs branches industrielles,
  • un rebond dans le bâtiment.

L’aéronautique, la chimie et les biens d’équipement tirent l’industrie vers le haut, tandis que l’agroalimentaire et l’automobile reculent. Les services aux entreprises, la restauration et le travail temporaire progressent nettement.

La trésorerie reste globalement équilibrée. Les difficultés d’approvisionnement sont limitées (7 % des entreprises), sauf dans l’aéronautique et l’automobile. Les prix des intrants se diffusent seulement en partie dans les prix de vente.

Les difficultés de recrutement demeurent stables (17 % des entreprises). Le recours à l’intérim repart, signe d’une prudence généralisée.

À partir de ces données, la Banque de France estime que le PIB devrait légèrement progresser au quatrième trimestre.

Nouvelle-Aquitaine : une activité meilleure que prévu

La Banque de France le résume d’une phrase : « l’activité régionale progresse plus favorablement que ce que prévoyaient les dirigeants ».

En clair : c’est mieux que prévu, et mieux que redouté. Trois moteurs tirent la région :

  1. Aéronautique : toujours au rendez-vous.
  2. Biens d’équipement : un vrai redressement.
  3. Bâtiment : reprise nette, surtout dans le second œuvre.

Par contre les services informatiques sont ralentis par un attentisme politique qui gèle ou retarde les décisions d’investissement.

Les chiffres clés du mois

Évolution de l’activité par secteur

SecteurActivité Nouvelle-AquitaineActivité France entièreInterprétation
Industrie≈ +10≈ +5Rebond plus marqué qu’au national
Services marchands≈ +15≈ +10Forte dynamique, sauf informatique
Bâtiment≈ +12≈ +8Rattrapage des chantiers, second œuvre moteur

Industrie : l’aéronautique tracte, l’agroalimentaire recule

L’industrie régionale reste contrastée, mais les signaux repassent au vert.

Aéronautique et spatial

La production progresse, la montée en cadence se poursuit et les carnets restent très bien orientés. Les livraisons accélèrent, même si les stocks de produits semi-finis restent élevés.

Construction navale

Recul net de l’activité nautisme. Les stocks de bateaux restent trop hauts, la demande intérieure est faible, et les entrées d’ordres ne se redressent pas malgré des prix négociés à la baisse lors des salons d’automne. Recours accru à l’activité partielle.

Agroalimentaire

L’activité recule, pénalisée par :

  • des difficultés d’approvisionnement dans la viande et la volaille,
  • des récoltes décevantes en fruits et légumes,
  • une demande internationale faible (notamment en Chine),
  • l’effet des grèves portuaires en Europe, qui gonflent artificiellement les stocks.

Biens d’équipement et machines

Rebond solide : entrées d’ordres à l’export, carnets qui se reforment, stocks en reflux.

Autres industries

La chimie repart à la hausse ; les fabrications de produits métalliques progressent lentement ; la filière bois reste très en retrait par rapport à l’an dernier.

Tableau – Industrie : capacités, stocks et carnets

IndicateurNiveauAnalyse
Taux d’utilisation des capacités (TUC)~80 %Proche de la moyenne de long terme
Stocks de produits finisEn légère baisseSigne d’un désengorgement
Carnets de commandesEn reconstitutionEncore insuffisants dans certains segments
EffectifsStablesHausse ciblée dans l’aéronautique

Services marchands : tout avance, sauf l’informatique

La progression est plus rapide que le mois précédent. Les différences entre sous-secteurs s’estompent, sauf dans l’informatique où l’attentisme domine.

Informatique / données

L’activité recule. Les demandes d’audits et de chiffrages existent, mais les décisions ne suivent pas. Les dirigeants évoquent clairement le facteur politique et budgétaire.

Transports et entreposage

Progression, mais toujours en deçà du niveau de l’an passé. Visibilité courte, trésoreries tendues, renégociations tarifaires difficiles.

Intérim

Progression dynamique, tirée par le bâtiment et certaines branches industrielles. Missions courtes, visibilité faible, concurrence forte sur les tarifs.

Hébergement et restauration

Octobre a bénéficié :

  • des vacances de la Toussaint,
  • d’un retour notable de la clientèle étrangère,
  • de séminaires d’entreprises (1ère quinzaine).

La restauration rapide gagne en dynamisme, la restauration traditionnelle reste stable.

Tableau – Services : prix, effectifs, trésorerie

IndicateurSituation
PrixHausse légère et progressive
EffectifsStables
TrésorerieEn amélioration, mais fragile
Segments en reculInformatique & data
Segments en hausseIntérim, restauration, hôtellerie

Bâtiment : accélération avant la fin d’année

Le bâtiment connaît un mois d’octobre plus actif que prévu. Plusieurs chantiers retardés ces derniers mois ont été relancés pour être terminés avant la fin de l’année.

  • Second œuvre : moteur principal.
  • Gros œuvre : bien orienté grâce à la maison individuelle et aux projets industriels (défense notamment).
  • Secteur public : prudence marquée, commandes limitées.

Les carnets se redressent un peu mais restent fragiles. Forte concurrence, prix des devis en baisse, effectifs stables.

Travaux publics : trimestre compliqué

Au troisième trimestre 2025, l’activité des travaux publics recule :

  • incertitude liée aux municipales,
  • ralentissement des appels d’offres publics,
  • concurrence accrue,
  • marges en baisse,
  • tensions de trésorerie,
  • effectifs en contraction.

Les perspectives pour le trimestre suivant sont pessimistes.

Ce qu’il faut retenir de tous ces chiffres

Dans un contexte politique crispé, la Nouvelle-Aquitaine résiste mieux que prévu.
Les tendances fortes du mois :

  • L’aéronautique reste la colonne vertébrale de l’économie régionale.
  • Le bâtiment rebondit plus vite qu’attendu, surtout dans le second œuvre.
  • Les services compensent la faiblesse de l’informatique, grâce à l’intérim et à l’hôtellerie-restauration.

Pour novembre, les chefs d’entreprise anticipent un léger repli. Une pause, pas un retournement. La région Nouvelle-Aquitaine résiste à contretemps, mais cela reste fragile.


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Par Jacques FROISSANT

Directeur de la publication

Bordelais, œnologue, tout allait bien… jusqu’à ce que je dérape dans l’entrepreneuriat RH pour les startups. 😉 Auteur et chroniqueur (L’Express, FrenchWeb, France 3 NOA...), je suis aujourd’hui cofondateur et rédacteur en chef d’AQUI.Media

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