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Économie

Bilan économique 2025 : une Nouvelle-Aquitaine solide, mais de plus en plus contrastée

La Nouvelle-Aquitaine finit 2025 sans décrochage, mais plus fragmentée. Quelques filières tirent fort, pendant que bâtiment, logement et commerce encaissent. Spatial, viticulture et innovation dessinent une année de transition, et des choix lourds pour 2026.

Par Jacques FROISSANT
Publié il y a 29 déc.
5 min de lecture
Bilan économique 2025 : une Nouvelle-Aquitaine solide, mais de plus en plus contrastée
Bilan économique 2025 Nouvelle-Aquitaine Photo by Iker Merodio / Unsplash

L’année 2025 n’a pas fait basculer l’économie de la Nouvelle-Aquitaine dans le rouge mais cela reste très contrasté. L'année a confirmé que la région est capable d’absorber les chocs, tout en étant de plus en plus marquée par des déséquilibres internes avec des écarts sectoriels et territoriaux qui se creusent.

Les indicateurs macroéconomiques restent globalement orientés à l’équilibre. L’activité se maintient, l’emploi ne s’effondre pas, les défaillances d’entreprises demeurent contenues mais cela reste fragile. Cette stabilité apparente masque cependant une réalité plus complexe, faite de tensions durables dans certains secteurs et d’une concentration croissante de la création de valeur.

Une croissance faible, portée par peu de moteurs

En 2025, la Nouvelle-Aquitaine évite la récession, comme la majorité des régions françaises. Mais la croissance demeure modeste et inégalement répartie. Les entreprises évoquent moins des stratégies d’expansion que des logiques de consolidation, dans un contexte marqué par des coûts de financement élevés et une visibilité économique et surtout politique limitée.

La Gironde et les grandes zones urbaines continuent de mieux amortir le ralentissement, portées par des activités à forte valeur ajoutée. À l’inverse, plusieurs territoires plus industriels ou dépendants de la construction peinent à retrouver un rythme normal.

AQUI.Media dans sa rubrique Economie a documenté à plusieurs reprises cette économie régionale sous tension, notamment à travers ses enquêtes sur les effets différenciés des arbitrages budgétaires et du ralentissement de l’investissement public.

Une économie régionale à deux vitesses désormais assumée

L’année 2025 confirme un basculement plus profond qu’un simple cycle conjoncturel. Les filières aéronautique, spatiale, défense, cybersécurité et deeptech industrielle concentrent l’essentiel de la croissance, des investissements et des recrutements qualifiés. Elles bénéficient à la fois de marchés internationaux porteurs et d’une attention accrue des pouvoirs publics sur les enjeux de souveraineté technologique.

À l’opposé, le bâtiment, l’immobilier, le commerce indépendant et certaines activités de services restent durablement sous pression. AQUI a largement suivi la crise du logement et ses effets en chaîne, montrant comment le gel des projets immobiliers pèse sur l’emploi, l’attractivité et l’économie locale.

Un marché de l’emploi plus exigeant, sans choc brutal

Sur le plan de l’emploi, la région traverse l’année sans rupture majeure. Le chômage ne repart pas à la hausse de manière spectaculaire, mais les conditions d’accès au marché du travail se durcissent. Les recrutements restent soutenus dans les métiers techniques, industriels et numériques, tandis que les fonctions intermédiaires et certains services subissent davantage les arbitrages.

Selon l'APEC Nouvelle-Aquitaine les cadres restent préoccupés par la situation économique et une proportion croissante (24 % soit +3 points sur un an) émet des craintes quant à la pérennité de leur emploi. Les intentions de recrutement de cadres restent au plus bas (8 %). Elles se contractent même fortement dans les ETI et les grandes entreprises (43 % soit -7 points sur un an). Depuis le début de l’année, les intentions d’embauche de cadres s’inscrivent dans une tendance baissière comme l'ensemble du marché de l'emploi.

Des arbitrages publics qui pèsent sur l’économie locale

L’année 2025 est aussi celle d’un resserrement budgétaire assumé. Les collectivités locales hiérarchisent leurs priorités. L’État concentre ses moyens sur quelques politiques jugées stratégiques. Cette situation renforce la dépendance de l’économie régionale à ses grands donneurs d’ordres industriels et à sa capacité à capter des financements privés.

AQUI a montré comment ces choix budgétaires, loin d’être neutres, produisent des effets très concrets sur les territoires, les services publics et l’activité économique locale. Les difficultés du département de la Gironde en sont une très bonne illustration.


Les faits économiques marquants de 2025

🚀 Le spatial, changement d’échelle pour la région

Le spatial en Nouvelle Aquitaine

2025 marque une étape dans la structuration de la filière spatiale régionale. Longtemps associée à l’aéronautique, la Nouvelle-Aquitaine affirme désormais une ambition plus large, avec des projets couvrant la recherche, l’ingénierie et les applications industrielles. La montée en puissance de The Exploration Company en est une belle illustration. Autour de Bordeaux et dans le Sud-Ouest, cette montée en puissance se traduit par des investissements et des créations d’emplois qualifiés, renforçant l’attractivité internationale du territoire.

🏗️ Le bâtiment, révélateur d’un blocage plus profond

Le Batiment en Nouvelle-Aquitaine

La crise du bâtiment s’installe durablement. La chute des permis de construire et le gel de nombreux programmes affectent l’ensemble de la chaîne économique. Le logement devient un frein direct à l’attractivité régionale, à la mobilité professionnelle et à la capacité des entreprises à recruter, un sujet largement documenté par AQUI tout au long de l’année.


🍷 Une viticulture contrainte de se réinventer

Consommation de vins en France
Consommation de vins en France
Nombre d'hectares de vigne en Gironde
Nombre d'hectares de vigne en Gironde

Pilier historique de la région, la viticulture poursuit sa transformation. La baisse structurelle de la consommation, la pression sur les prix et les opérations d’arrachage traduisent une adaptation contrainte à un marché durablement modifié. AQUI a largement suivi ces mutations, en montrant leurs conséquences économiques et sociales sur les territoires viticoles.


🧠 L’innovation régionale entre maturité et sélection

La French Tech Bordeaux
La French Tech Bordeaux

L’écosystème de l’innovation ne décroche pas, mais il change de phase. Les financements sont plus difficiles à obtenir, les projets doivent démontrer rapidement leur viabilité économique. Cette évolution marque la fin d’un cycle d’abondance et l’entrée dans une phase de maturation. Nous avions largement évoqué les difficultés de la French Tech Bordeaux qui va devoir se repenser et se renouveller en 2026.


Les angles morts de 2025

Ce que l’année a peu regardé, mais qui pèsera demain :

  • La fragilité des économies locales hors métropoles, de plus en plus dépendantes de quelques employeurs ou filières.
  • L’impact économique à long terme de la crise du logement sur la compétitivité régionale.
  • Le vieillissement d’une partie du tissu productif, notamment dans l’artisanat et le commerce indépendant.
  • La difficulté croissante pour les projets non labellisés “stratégiques” à accéder à des financements publics ou privés.

Ce que dit l’année 2025 de l’économie régionale

La Nouvelle-Aquitaine sort de 2025 sans rupture majeure, mais avec des lignes de fracture plus visibles. Son économie repose sur quelques piliers solides, exposés aux cycles internationaux, tandis que d’autres secteurs restent durablement fragilisés.

Les choix qui seront opérés en 2026, notamment en matière d’investissement, d’aménagement et de priorités industrielles, pèseront lourdement sur la capacité de la région à réduire ces écarts ou, au contraire, à les voir s’accentuer.

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Par Jacques FROISSANT

Directeur de la publication

Bordelais, œnologue, tout allait bien… jusqu’à ce que je dérape dans l’entrepreneuriat RH pour les startups. 😉 Auteur et chroniqueur (L’Express, FrenchWeb, France 3 NOA...), je suis aujourd’hui cofondateur et rédacteur en chef d’AQUI.Media

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