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L'entretien éco : François Perrin, MEDEF Nouvelle Aquitane

L’homme, discret, qui à la ville est engagé dans la recherche de performance des entreprises, se relève un excellent technicien et un fin connaisseur du tissu économique régional.

Par la rédaction
Publié il y a 7j
4 min de lecture
L'entretien éco : François Perrin, MEDEF Nouvelle Aquitane
Crédit photo : F. Perrin

A la tête du premier MEDEF régional de France, François Perrin, son Président, réagit aux (très) mauvais chiffres des défaillances d’entreprises successivement publiés par la Banque de France et les CCI, entre fin de la REF et instabilité annoncée. Entretien.

Aqui.media : Pouvez vous nous rappeler le poids du MEDEF Nouvelle Aquitaine ?

François Perrin : “Le MEDEF Nouvelle-Aquitaine est le premier MEDEF régional de France en termes d'adhésions directes, avec plus de 5500 entreprises et 250 000 emplois, et plus de 15 000 entreprises et 750 000 emplois en incluant les fédérations. La Nouvelle-Aquitaine représente environ 10 à 12 % du PIB français, et tous les secteurs d'activité sont représentés, avec un accent particulier sur l'aéronautique” 

Aqui.média : Un poids significatif et représentatif donc. Comment lisez-vous ces chiffres de défaillance ?

FP : “ Le contexte économique est complexe, avec des chiffres alarmants, notamment 6000 défaillances d'entreprises en Nouvelle-Aquitaine en 2024, un record historique qui devrait malheurusement se maintenir en 2025. Les secteurs les plus touchés sont le bâtiment, en raison d'une baisse de 40 % des autorisations de construire, et la restauration, avec jusqu'à 25 % de baisse d'activité dans certains secteurs. La filière vitivinicole est également lourdement impactée, avec de nombreux plans sociaux et une accumulation de stocks, notamment en raison des mesures de rétorsion chinoises et des ‘’tarifs’’ américains."

Désormais, on voit aussi un effet domino sur toute la filière économique qui fait chuter des belles PME PMI régionales…  

Aqui.média : Quid des fameux PGE et de la sinistralité dans la tech ?

FP : Les Prêts Garantis par l'État (PGE) ne sont pas une cause majeure de sinistralité; ils ne sont pas un produit bancaire plus sinistré que les autres. Les tribunaux de commerce ne signalent d’ailleurs pas un afflux de dossiers de défaillance liés uniquement aux PGE. Cependant, le remboursement des PGE peut affecter les niveaux d'investissement des entreprises déjà historiquement très bas. Concernant l'univers de la tech, la sursinistralité existe : ces jeunes entreprises sont plus exposées au risque et ont des difficultés à se financer ou se refinancer, en raison d'une aversion actuelle au risque”.

"Le lien entre défaillance et PGE est un mythe"

Aqui.média : L’effet anticipé de l’instabilité politique à venir se ressent-il déjà ?

FP : “C’est le moteur principal de l'attentisme des consommateurs et des entreprises. Les Français épargnent davantage, avec un niveau d'épargne atteignant 18 %, plus haut que jamais, dont 60 % de placements liquides, et que les entreprises qui survivent maintiennent des niveaux de trésorerie 30 % supérieurs à ceux d'avant la crise du Covid, mais leurs investissements sont en baisse très sensible. De nombreux décrets, comme le plan pluriannuel de l'énergie (PPE), sont bloqués, ce qui empêche les entrepreneurs de prendre des décisions d'investissement à long terme..”

Les français ne consomment plus et conservent leurs liquidités, par peur du lendemain...

 Aqui.média : La REF s’achève… Comment voyez-vous les prochaines semaines et les perspectives de croissance de la France en 2025 ?

FP : “La Réunion des Entrepreneurs de France (REF) du MEDEF a été une grande réussite, en partie grâce à une participation politique significative et sans précédent, notamment le débat de clôture avec six des huit présidents de parti, dans le contexte que l’on connait. Cependant l'ambiance n'était pas sereine, en raison de l'instabilité politique. Il est nécessaire pour la France de retrouver une situation claire afin de stimuler la consommation, l'investissement et le recrutement. Les chiffres pour 2025 sont supérieurs aux attentes, avec une croissance acquise de 0,6 % au T2, mais le MEDEF reste prudent sur ces chiffres, en raison de phénomènes inexpliqués comme le surstockage des entreprises."

"Le 1% de croissance cette année serait inespéré et quasi contre-intuitif mais il reste à confirmer”

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