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L’édito politique du mercredi : Sébastien Lecornu : un grognard à Matignon

La nomination de Sébastien Lecornu est tout sauf une surprise. La passation de pouvoir prévue aujourd'hui en plein mouvement "bloquons tout" n'est peut-être pas la meilleure idée de l'année

Par Jean-François Puech
Publié il y a 3h
3 min de lecture
L’édito politique du mercredi : Sébastien Lecornu : un grognard à Matignon

Le turn-over se poursuit. Ce n’est plus un gouvernement mais le banc de touche d’un club de Ligue 1 en fond de classement qui change d’entraineur à chaque nouvelle déroute. Et le choix se porte sur Sébastien Lecornu. Ministre de Macron depuis le premier quinquennat, organisateur des grands débats post Gilets Jaunes, il fait partie du dernier carré de la garde présidentielle.

Dans la foulée de sa nomination les oppositions sont montées au créneau à la vitesse d’une grande marée. Pour la gauche c’est une provocation. Elle espérait, mais sans y croire vraiment, accéder à Matignon. Pour le RN « on ne change pas une équipe qui perd ». Le bloc central est conforté et les Républicains espèrent continuer à peser. Mais le défi qui attend le Premier Ministre est toujours le même qu’avec Barnier ou Bayrou. Comment faire cohabiter dans un même univers politique la taxe Zucman, la diminution drastique de l’AME, la baisse de la contribution de la France au budget européen ou les investissements dans l’économie verte ? On ne parle même pas de la réforme des retraites ou de l’augmentation du SMIC. Les lignes rouges de chaque parti rendent, à ce jour, le pays toujours aussi ingouvernable.

Pourtant, 63 % des français (en hausse de 11 points depuis juillet) souhaitent de nouvelles élections mais, en cas d’échec, Macron se trouverait en première ligne et ce serait une ligne rouge pour lui. On peut se demander, in fine, si son seul objectif n’est pas de calmer « son peuple » afin qu’il puisse continuer, sans grand succès, à la résolution du conflit en Ukraine ou à sa déclaration sur la Palestine à la tribune de l’ONU le 22 septembre.

Avec tout ça, on fait quoi ? Jamais la Ve République n’a été aussi malmenée y compris en mai 1968. J’évoquais dans mon édito de lundi une crise de société mais, en fait, je rejoins l’analyse de Raphaël Llorca dans l’Opinion, c’est la crise du politique. Que François Hollande, premier Président à renoncer à se présenter une seconde fois, donne ses conseils à un Président rejeté par 80 % des Français est assez désolant et donne une piètre image de nos politiques actuels. Nous en sommes à 6 ministres de l’Education Nationale depuis le début du quinquennat alors que cela devrait être la mère des batailles avec la lutte contre le dérèglement climatique. Sur ces deux thématiques on ne retient que des polémiques qui vont de l’éducation sexuelle au moratoire sur l’éolien.

Un dernier chiffre qui démontre l’ampleur des dégâts : 1% des français ont confiance dans la classe politique (sondage ELABE BFM) !!!

 

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