Biarritz Olympique : 450 000 € envolés, nouveau signal d’alerte autour de Pierre-Édouard Stérin ?
450 000 € envolés du compte du Biarritz Olympique. Un retrait qui interroge la régulation du rugby et fragilise encore le mécène Pierre-Édouard Stérin.

C’est une somme qui s’est volatilisée plus vite qu’un ballon ovale sous la pluie d’Aguilera.
Selon L’Équipe, près de 450 000 euros de la caution financière du Biarritz Olympique (BO) auraient disparu des comptes du club dès le lendemain de leur versement. Une opération qui interroge l’Autorité de régulation du rugby (A2R) et qui renforce les soupçons sur la situation financière — et politique — de Pierre-Édouard Stérin, le garant du club.
Un trou dans la caution, un doute sur la garantie
L’histoire est digne d’un roman noir du rugby français.
Le 25 septembre 2025, le Biarritz Olympique verse 945 000 €, première tranche d’une garantie exigée par l’A2R — au total, 2,7 millions d’euros doivent être immobilisés pour que le club soit autorisé à jouer la saison 2025-2026 en Pro D2.
Sauf que, selon L’Équipe, près de la moitié de cette somme (450 000 €) aurait été retirée dès le lendemain, le 26 septembre, pour être “remise à disposition” de l’investisseur Pierre-Édouard Stérin, présenté comme le garant du club. Objectif affiché : “faire travailler l’argent”.
Sauf qu’une caution, par définition, ne travaille pas : elle reste bloquée pour garantir la solvabilité. Autrement dit, l’argent censé sécuriser le club aurait repris la route inverse dès le lendemain de son dépôt.
L’A2R, qui contrôle ces flux, aurait découvert l’anomalie en consultant le solde bancaire. D’autant plus surprenant que cette fois, le versement n’est pas passé par la fiducie habituelle gérée par l’avocat Didier Poulmaire, structure censée verrouiller juridiquement ces montages.
Le BO, sous haute surveillance
Pour mémoire, le club sort d’un printemps houleux : le 19 mai 2025, l’A2R l’avait rétrogradé administrativement pour irrégularités financières.
Le 20 juin, la FFR avait finalement annulé la sanction en appel, au prix d’un handicap de –3 points au classement et d’un contrôle renforcé sur sa gestion.
Le message était clair : un seul faux pas de plus, et la sanction retombera.
L’épisode des 450 000 € pourrait bien être ce faux pas. Un nouvel écart sur la garantie serait considéré comme une rupture de condition. Et dans le rugby professionnel, cela peut valoir rétrogradation immédiate.
Stérin, mécène ou mirage ?
Derrière les millions du BO, il y a un homme : Pierre-Édouard Stérin.
L’entrepreneur milliardaire, fondateur du fonds Otium et mécène revendiqué de causes conservatrices, s’est imposé comme le “sauveur” du club ces dernières saisons. Mais ses propres finances semblent aujourd’hui aussi instables que les mêlées du BO.
Dans une enquête publiée le 29 octobre, Le Monde révèle que plusieurs de ses partenaires historiques “prennent leurs distances avec un homme devenu radioactif”. Le quotidien évoque une dégradation financière nette de ses holdings et des tensions internes :
“Certains de ses partenaires s’interrogent sur la viabilité de son empire, d’autres coupent les liens discrètement.”
Les difficultés ne sont plus seulement d’image. Elles touchent au portefeuille.
Et quand le garant d’un club en Pro D2 montre des signes de fragilité financière, c’est tout l’édifice qui tremble.
De la politique aux pelouses basques
En Nouvelle-Aquitaine, AQUI.Media a déjà enquêté sur les ambitions régionales du milliardaire. Dans « Pierre-Édouard Stérin, l’investisseur mécène d’extrême droite tisse sa toile en Nouvelle-Aquitaine », nous révélions comment le patron d’Otium multipliait les incursions locales : financement d’associations, rachats immobiliers, soutiens à des élus ou à des projets jugés “patriotiques”.
Une stratégie d’influence discrète, parfois habile, mais qui irrite autant qu’elle inquiète les acteurs économiques et politiques régionaux. Les basques ne se laissent pas faire. C'est mal les connaitre que se comporter comme Stérin.
Aujourd’hui, le coup de tonnerre du BO ajoute une pièce au puzzle : et si derrière la façade “mécène du sport basque”, se cachait un homme à court de liquidités ? Le retrait de 450 000 € ressemble moins à un mouvement technique qu’à une tentative de respiration financière d’un groupe sous pression.
Un club fragilisé par son sauveur
Le paradoxe est cruel : sans Stérin, le Biarritz Olympique n’aurait sans doute pas survécu à la crise de 2023. Mais avec lui, il s’enfonce dans une zone grise où le sport professionnel croise les jeux d’influence et les trous de trésorerie.
Le club a déjà connu des épisodes de confusion financière : retards de salaires, contentieux, changements de structures juridiques. Les dernières publications au BODACC montrent d’ailleurs une restructuration accélérée du capital à l’été 2025, avec création d’un nouveau conseil d’administration et recapitalisation partielle.
Autant de signaux d’une gouvernance sous tension.
Que risque le Biarritz Olympique ?
Si l’A2R confirme la sortie de fonds, plusieurs scénarios sont sur la table :
- Rappel de la garantie : obligation de reconstituer immédiatement la somme manquante.
- Amende ou retrait de points en championnat.
- Et dans le pire des cas, rétrogradation administrative pour non-respect des obligations financières.
Le club, déjà sanctionné en janvier pour “non-présentation de documents comptables”, ne dispose plus d’aucune marge de tolérance. La régulation pourrait estimer que le “modèle Stérin” n’offre plus les garanties nécessaires à la poursuite de l’activité professionnelle.
L’A2R, désormais informée du retrait de 450 000 €, pourrait ouvrir une procédure d’enquête. Le club, pour l’heure, n’a fait aucun commentaire public.
Les supporters biarrots, eux, regardent cette nouvelle tempête avec lassitude :
les coups de com’ succèdent aux promesses de redressement, tandis que la réalité des bilans se dérobe.
Et sur la Côte Basque, certains commencent à perdre patience et aimeraient que l'on parle rugby et non plus finances douteuses !
Sources
- L’Équipe — “Mais où sont passés les 450 000 euros de la caution du Biarritz Olympique ?” (28 octobre 2025)
- Le Monde — “Comment des partenaires de Pierre-Édouard Stérin mettent le milliardaire à distance : il est devenu radioactif” (29 octobre 2025)
- AQUI.Media — “Pierre-Édouard Stérin, l’investisseur mécène d’extrême droite tisse sa toile en Nouvelle-Aquitaine” (septembre 2025)
- Documents FFR/A2R – Décisions 2025, BODACC – annonces légales été 2025
Mots-clés :
Par Jacques FROISSANT
Directeur de la publication
Bordelais, œnologue, tout allait bien… jusqu’à ce que je dérape dans l’entrepreneuriat RH pour les startups. 😉 Auteur et chroniqueur (L’Express, FrenchWeb, France 3 NOA...), je suis aujourd’hui cofondateur et rédacteur en chef d’AQUI.Media
Articles similaires

Tour de France 2026 : neuf villes-étapes du Sud-Ouest en pleine lumière
Neuf villes du Sud-Ouest accueilleront le Tour de France 2026. De Pau à Bordeaux, un été de passion ...

Un café avec Leslie Queyraud : Impact & Match, le rendez-vous du sport qui se met au vert
Leslie Queyraud organise à Bordeaux le salon Impact & Match, dédié à la transition écologique du spo...

Charlie Dalin, “La Force du destin” : un Vendée Globe contre le cancer
Charlie Dalin révèle dans La Force du destin qu’il a remporté le Vendée Globe tout en suivant un tra...

Surf Summit 2025 à Seignosse : la filière glisse cherche sa vague de sens
À Seignosse, le Surf Summit 2025 d’EuroSIMA interroge la filière glisse : entre IA, durabilité et qu...

Le gros coup de gueule de Michael JEREMIAZ sur le post JOP
Michael JEREMIAZ, sans doute le sportif handi le plus emblématique, exprime sa colère face à la dési...
Football : vers une exception française
Football : Entre une réforme de la LFP et une loi contre la multipropriétés, le football français es...