Rugby : le changement sociologique des supporters devient visible en tribunes
Affluence record, incidents répétés, nouveaux publics. Le rugby change et cela se voit en tribunes. Derrière les jets de bière et les insultes, un basculement sociologique désormais impossible à nier.
Avec plus de 3,2 millions de spectateurs la saison dernière et une affluence en hausse de 6 %, le Top 14 attire un public plus large. Cette croissance s’accompagne d’incidents répétés en tribunes.
Un début de saison marqué par une série d’incidents
Récemment mis en lumière par les incidents qui ont eu lieu lors de Perpignan-Racing, les comportements de certains supporters semblent de plus en plus poser des problèmes. Épiphénomènes ou réelle évolution sociologique pour le rugby français?
Des insultes et des jets de bière dénoncés par des supporters rochelais lors de leur premier déplacement de la saison à Bordeaux, des doigts d'honneur aperçus dans les tribunes bayonnaises pour la réception du Stade Toulousain, des incidents à Lyon lors du match du LOU contre l’ASM … Ce début de saison marque une inflexion des plus négative.
Un public rugby toujours plus nombreux, mais moins homogène
Si le nombre de spectateurs ne fait qu’augmenter dans les stades du TOP14 la typologie du public évolue et les comportements tendent à se rapprocher du foot. La saison dernière, le Top 14 a enregistré un nouveau record d'affluence, en augmentation de 6 % par rapport à la saison précédente, et six clubs ont fait 100 % de guichets fermés (Bayonne, Bordeaux, La Rochelle, Perpignan, Toulouse et Vannes). Cette popularité amène logiquement des spectateurs néophytes.
Une montée des tensions rarement assumée par les instances
De notre propre expérience lors de la dernière finale du TOP14, des insultes homophobes envers l’arbitre ou l’adversaire deviennent monnaie courante. Le respect qui prévalait lors de ces grandes messes du rugby national n’est plus de mise. On siffle allégrement le haka, on ne respecte pas le buteur adverse.
Le rugby est un sport complexe avec des règles qui changent chaque saison mais dans chaque tribune on retrouve l’homme qui voit la faute à 80 mètres de l’action que l’arbitre professionnel qui lui est à 30 cm n’aurait pas vu. Ce même « arbitre populaire » n’a souvent jamais mis les pieds sur un terrain, ne verrait pas un éléphant traversé devant lui mais il hurle et insulte celui sans qui aucun match ne pourrait se dérouler. Bien entendue les Présidents de club ou la LNR minimisent le phénomène, on ne tue pas la poule aux œufs d’or.
Laurent Marti, lui, prône la mesure : « Ne soyons pas naïfs, il faut agir contre les vrais fauteurs de trouble. Mais ce n’est pas le chaos non plus, que ce soit à Perpignan ou ailleurs. »
Le regard des sociologues sur la transformation rapide du public
Cet engouement attire des foules inédites, qui ne sont pas toujours au fait des traditions rugbystiques.
Seghir Lazri, sociologue du sport, souligne : "Le stade n’est plus seulement dédié aux performances. Les enjeux économiques dictent la loi, et cela transforme la manière dont les spectateurs interagissent."
Si nous n’en sommes pas à l’arrêt de match ou a des annonces du speaker comme l’a mis en place la LFP, nous devons être vigilants.
C’est l’excellent travail que réalise la Fédération Françaises des Supporteurs de Rugby depuis des années. Grâce à ce type d’organisation et l’action de son Président, le rugby reste un sport avec des valeurs.
Retrouvez ici Le Code du supporter de la Fédération Françaises des Supporteurs de Rugby.
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Par Jean-François Puech
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