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Vie Locale

Xavier Niel (Free) désormais plus gros propriétaire du Cap-Ferret ?

Villa à 17,5 M€, Rotonde à 3 M€, terrain du Four adjugé 12,2 M€ : Xavier Niel et Delphine Arnault empilent les hectares au Cap-Ferret. Aux enchères, Bartherotte s’arrête à 10 M€. Derrière la bataille de prestige, un angle mort : érosion et qualité de l’eau.

Par Jacques FROISSANT
Publié il y a 13 déc.
3 min de lecture
Xavier Niel (Free) désormais plus gros propriétaire du Cap-Ferret ?

Le Cap-Ferret change de mains. Des familles locales ou bordelaises aux ultra riches. Et pas toujours discrètement.

Après une villa acquise pour 17,5 millions d’euros, puis le rachat de l’ancien hôtel La Rotonde en ruine pour environ 3 millions, Xavier Niel et Delphine Arnault viennent d’ajouter une nouvelle pièce majeure à leur puzzle foncier ferretcapien. Un terrain exceptionnel situé entre les Jacquets et le village du Four, adjugé 12,2 millions d’euros aux enchères publiques.

Un lieu hors du temps occupé par des familles très modestes : neuf hectares, avec une écluse, une forêt et 18 habitations dont des chalets, des bungalows, des maisons et deux villas.

Addition rapide. On dépasse désormais les 32 millions d’euros investis sur quelques kilomètres carrés. À ce stade, une question s’impose dans les conversations locales, parfois à voix basse, parfois beaucoup moins : Xavier Niel est-il devenu le plus gros propriétaire privé du Cap-Ferret ?

L’enchère du Four a été révélatrice. Benoit Bartherotte, figure parisienne devenue locale et bien connue, a tenté de suivre. Jusqu’à 10 millions d’euros. Puis s’est arrêté. Le marteau est tombé plus haut. Trop haut, même pour un très fortuné.

Ce nouvel épisode n’est pas anodin. Le terrain du Four est l’un des derniers ensembles fonciers de grande taille encore disponibles dans un secteur déjà saturé. Un symbole, presque. Et un marqueur supplémentaire de la bascule patrimoniale du Cap-Ferret, passé d’un village de locaux pécheurs, ostréiculteurs, commerçants et notables bordelais discrets à une terre d’atterrissage pour grandes fortunes nationales.

Sur place, les réactions oscillent entre fatalisme et colère contenue. Mais aussi, parfois, entre résignation et préférence assumée. Un « vrai » local nous confie, sans détour :

« Au final, j’ai plus confiance en Xavier Niel que Bartherotte pour conserver le lieu. Quand on voit ce qu’il a fait de la Pointe, en quémandant des subventions pour son association (Ndlr : 46 000 € depuis remboursés à la municipalité) alors qu’il était prêt à mettre 10 millions aux enchères… Il se prend vraiment pour le roi du Cap-Ferret. »

La phrase claque. Elle dit beaucoup. Moins sur Niel lui-même que sur la fracture locale entre grands propriétaires, nouveaux entrants et figures historiques du bassin. Entre ceux qui achètent cher mais paient comptant. Et ceux qui défendent leur ancrage tout en jouant avec les leviers publics.

Reste une évidence. Le Cap-Ferret n’est plus seulement un lieu de villégiature. C’est devenu un actif patrimonial stratégique, rare, spéculatif, politique. Et désormais, très concentré. Dans l'histoire tout le monde oublie l'érosion galopante et les problèmes d'eaux (pollution, épuration).

JA

Par Jacques FROISSANT

Directeur de la publication

Bordelais, œnologue, tout allait bien… jusqu’à ce que je dérape dans l’entrepreneuriat RH pour les startups. 😉 Auteur et chroniqueur (L’Express, FrenchWeb, France 3 NOA...), je suis aujourd’hui cofondateur et rédacteur en chef d’AQUI.Media

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