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Un café avec

Un café avec ... Priscilla Routier, fondatrice de The Sorority

Ils ou elles sont acteurs du monde économiques, font bouger la société. Un café avec ... à pour but de vous les faire connaître. C'est la fondatrice de The Sorority, Priscila Routier qui inaugure cette nouvelle rubrique

Par la rédaction
Publié il y a 13j
5 min de lecture
Un café avec ... Priscilla Routier, fondatrice de The Sorority

Vous inaugurez aujourd’hui notre nouvelle rubrique, un café avec … Le grand public ne vous connait pas forcément, qui êtes-vous Priscilla ?

Bonjour, merci beaucoup pour cet honneur et pour votre engagement à nos côtés. Je m’appelle Priscillia ROUTIER et je suis la fondatrice de THE SORORITY, une communauté et un outil d’entraide qui rassemble à ce jour plus de 366 000 personnes.


Pouvez-vous nous présenter The Sorority en quelques mots ?

 THE SORORITY permet d’agir face à toute situation d’isolement, de violence ou de (cyber)harcèlement - dans la rue, les transports, à l’école, au bureau, dans le cadre de ses activités et sorties sportives, en soirée, en festival ou chez soi (violence conjugale ou intra-familiale). L’outil est gratuit, disponible dans le monde entier et traduit dans 18 langues. Suite au lancement d’une alerte on reçoit en moyenne entre 10 et 15 prises de contact de personnes qui se mobilisent pour nous aider : nous appeler, nous écrire, nous rejoindre sans jamais se mettre en danger, nous proposer de contacter les autorités pour nous : on sait que l’on n’est jamais seul(e).

Votre application est aujourd’hui incontournable. Combien de femmes y sont-elles inscrites et combien d’alertes sont générées par semaine ?

+366 000 personnes s’entraident à ce jour partout sur le territoire (grandes villes et zones rurales) et dans le monde. En moyenne on dénombre environ 700 alertes lancées par mois (80% dans la rue et les transports, 10% sont des situations de violence conjugale et 10% des situations de post-trauma et pensées suicidaires/idées noires.

On parle beaucoup d’insécurité, d’atteinte aux femmes, vos datas confirment-elles cette impression ?  

Oui, et énormément de femmes dans le cadre de leur activité sportive (sur le trajet aller/retour de leurs entraînements), dans l’espace public (abordées, suivies ou agressées durant leur running). Beaucoup disent limiter leurs sorties par peur et nous témoignent le fait qu’elles ont repris leur activité sportive grâce à l’outil et l’entraide que nous avons réussi à créer.

Sorrority tente de s’implanter dans les entreprises, dans les stades, les universités, etc. Dans quel secteur avez-vous le plus de difficulté ? Existe-t-il des lieux « tabous » ?

Les portes du privé et des acteurs de terrain s’ouvrent de plus en plus. À présent ils viennent à nous, prenant conscience de leur pouvoir d’impact sur le terrain et des attentes de leurs salarié(e)s, étudiant(e)s, supporters pour assurer leur protection et leur bien-être.

Nous avançons exclusivement avec les partenaires qui souhaitent sincèrement s’engager et mettre en place des mesures concrètes et efficaces en nous intégrant dans leurs dispositifs. En unissant nos forces les résultats sont là, notre dernière étude d’impact en témoigne. Nous sommes heureuses de voir cette mobilisation globale prendre vie : il n’y a qu’en unissant nos forces à tous les niveaux de la société que nous y arriverons de façon durable.

Faire vivre une association ou une Fondation relève actuellement du sacerdoce, comment arrivez-vous à trouver les financements nécessaires à votre développement ?

Très bonne question, et cela va très certainement se compliquer encore plus dans les années à venir. Nous avons un soutien important de notre communauté via les dons collectés durant l’année et particulièrement en fin d’année comme beaucoup d'associations. Nous pouvons également compter sur le soutien de la Région Île-de-France mobilisée à nos côtés depuis plus d'un an à présent avec la mise en avant de son dispositif l’Abri au siège de la Région.

Nous avons récemment diversifié les sources de soutien : via notre entreprise à mission (prestations de service RSE : sensibilisation, communication et intégration) avec de grands groupes privés et via notre association grâce à la mise en place de conventions d’adhésion annuelles avec des collectivités partenaires qui nous permettent de continuer d’assurer la gratuité de nos actions et de notre outil, et d'atteindre et sensibiliser ensemble un maximum de personnes en recherche de cette aide ou souhaitant aider (agents de la ville, responsables associatifs, police municipale, commerces et habitant(e)s). 

C’est pour cette raison que vous avez opté pour un modèle hybride ?

Oui, le modèle hybride permet d’unir l’ensemble des acteurs sur le sujet (entraide citoyenne, réseaux associatifs, autorités, collectivités et secteur privé), de diversifier les sources de soutien et d’assurer la pérennité et la gratuité de nos actions pour les personnes bénéficiaires. C’est un combat quotidien mais on ne lâchera pas pour le bien-être de toutes et de tous.

Vous êtes présentes dans de nombreux pays. Est-ce plus facile de s’implanter en France ou à l’étranger ?

Cela dépend des dynamiques du pays, des volontés des dirigeants, de la culture : libération de la parole sur le sujet, attente de la population, des réalités de terrain, accès à internet, niveau de confiance, stabilité politique, etc.

En France nous sommes reconnues par le ministère de l’Intérieur (Direction Gendarmerie nationale, Police nationale et Préfecture de police), le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, pour nos actions à l’international auprès de la communauté française et étrangère et le ministère de l’égalité Femme-Homme.

Nous avançons bien dans différentes zones du monde, notamment en Amérique latine (Colombie et Brésil), en Afrique (Sénégal, Sri Lanka, Cameroun, Bénin), on multiplie les points de contact et d’action actuellement en Inde et au Pakistan. On avance à notre rythme avec comme règle de toujours, de mettre notre temps et nos efforts aux côtés d’acteurs qui souhaitent sincèrement se mobiliser sur notre cause pour apporter des solutions concrètes à leurs bénéficiaires. 

Nous ne perdons plus d’énergie à essayer de convaincre ceux qui ne sont pas vraiment impliqués ou à remplir des agendas, et on avance beaucoup plus vite.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans, dans 10 ans ?

Je nous souhaite d’avoir atteint cette pérennité dont rêve beaucoup d’associations pour agir sereinement. D’être encore plus présentes dans des parties du monde où les violences sont quotidiennes mais où les personnes ne bénéficient pas encore de soutien faute de connaissance des solutions possibles ni de prise de conscience de leur situation, de relais et de mobilisation

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