Marché de l’emploi en Nouvelle-Aquitaine : un trompe l’oeil
Le chômage en Nouvelle-Aquitaine recule à 6,7 % au T1 2025 (vs 7,5 % national) grâce aux services, à la santé et à l’intérim ...
Bonne nouvelle : l’emploi va mieux en Nouvelle-Aquitaine. Enfin, c’est ce que disent les chiffres officiels. Moins de chômeurs, plus d’embauches, un taux d’emploi en hausse. Mais si on gratte un peu sous le vernis des statistiques, l’histoire est un poil plus contrastée. Entre CDD en rafale, jobs non pourvus et stagiaires éternels, la dynamique ressemble parfois plus à une patine qu’à une vraie reprise.
Un chômage plus bas que la moyenne
Sur le papier, la région peut se vanter. Avec un taux de chômage autour de 6,7 % au premier trimestre 2025, la Nouvelle-Aquitaine fait mieux que la moyenne nationale (7,5 % selon l’INSEE). Mieux encore : l’emploi salarié privé progresse, notamment dans les services, la santé, et… l’intérim. Beaucoup d’intérim.
Dans les zones les plus dynamiques comme Bordeaux, Biarritz ou La Rochelle, l’activité repart. On embauche à nouveau, les annonces fleurissent sur Pôle emploi, LinkedIn, et les vitrines de commerces. Même le BTP, à la peine en 2023, retrouve quelques couleurs grâce aux chantiers liés au logement social ou à la rénovation thermique. Mais attention : le diable est dans les détails.
Des CDI ? Oui, mais pas pour tout le monde
Derrière les belles promesses, le marché se segmente de plus en plus. Les seniors, les jeunes peu qualifiés et les habitants des territoires ruraux continuent à galérer. Dans la Creuse, le nord de la Dordogne ou les Landes intérieures, les offres se font rares et les mobilités géographiques, impossibles sans voiture.
À l’inverse, les cadres du digital, de la tech ou du marketing trouvent sans peine, mais souvent à Paris… ou en télétravail depuis leur maison du Cap Ferret. La “qualité de vie” locale attire les télétravailleurs, mais ne crée pas forcément des postes qualifiés sur place. Résultat : une région à deux vitesses. Entre la métropole bordelaise connectée au monde et les campagnes en friche numérique.
Des secteurs sous tension, mais toujours pas de plan d’attaque
Autre paradoxe : des dizaines de milliers d’emplois restent non pourvus, notamment dans l’hôtellerie-restauration, le soin à la personne, le transport ou l’agriculture. On manque de bras, mais les salaires stagnent. Cherchez l’erreur. Dans certaines stations balnéaires, on cherche encore des serveurs début juillet, faute de logements ou de contrats décents à proposer.
Et pourtant, les pouvoirs publics continuent à parler de “tension sur le marché de l’emploi” comme d’un phénomène climatique imprévisible. Pas un mot sur la qualité de ces emplois, ni sur la manière de les rendre attractifs. La main invisible du marché semble surtout douée pour détourner le regard.
Tout va bien, mais pas pour vous ?
Oui, l’emploi va mieux. Mais à condition d’avoir moins de 40 ans, un bac +5, un réseau et une voiture hybride ou, mieux, électrique. Pour les autres, la réalité est plus grise. Entre précarité, reconversion au rabais et formation jamais financée, beaucoup restent sur le bord du chemin.
Bref, en Nouvelle-Aquitaine, le marché de l’emploi sourit… mais pas à tout le monde. Et sûrement pas à ceux qui ne savent pas déjà jouer avec les codes.
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