LinkedIn gave désormais son IA de vos données : comment garder le contrôle
LinkedIn utilise désormais vos données pour entraîner son IA. Avec 1 milliard de membres et 16,3 milliards $ de chiffre d’affaires, le réseau est devenu une usine à données planétaire. Vous pouvez désactiver cette option, encore faut-il savoir où chercher.

LinkedIn change (encore) les règles du jeu. Depuis le 3 novembre 2025, le réseau professionnel de Microsoft a commencé à utiliser les données personnelles de ses utilisateurs pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle. Une décision passée presque inaperçue, mais lourde de conséquences. Votre profil devient le carburant de l’IA maison.
Une machine à données mondiale
On parle souvent de “réseau professionnel”, mais LinkedIn, c’est avant tout une usine à données géante. Avec 1 milliard de membres (dont 35 millions en France, soit 85 % des actifs) et 16,3 milliards $ de chiffre d’affaires annuel, le groupe est devenu un acteur majeur du marché mondial du recrutement.
Son pôle “Talent Solutions”, c’est-à-dire la vente d’accès aux recruteurs et aux algorithmes de matching, représente 9,7 milliards $, soit 28 % du marché mondial à lui seul. Autrement dit : chaque CV, chaque clic, chaque “like” alimente un puits de données d’une valeur inestimable.
Ce que LinkedIn aspire (et ce qu’il ne touche pas encore)
LinkedIn explique qu’il utilise certaines données “pour améliorer l’expérience utilisateur”. Derrière cette formule, on trouve vos photos de profil, titres de poste, formations, compétences, groupes suivis et interactions publiques. Les messages privés, coordonnées personnelles et informations salariales ne seraient pas concernés, pour l’instant.
L'objectif est d'entraîner les modèles d’IA générative qui rédigent des posts, recommandent des offres d’emploi ou évaluent la compatibilité entre profils et postes. "Améliorer votre expérience utilisateur" clame t'on chez Linkedin.
Comment garder la main sur vos données
Toujours prêts à aider nos lecteurs chez AQUI, nous avons cherché pour vous.
Bonne nouvelle : vous pouvez désactiver cette option. Mauvaise : c’est caché dans les tréfonds du menu.
👉 Voici la marche à suivre :
- Cliquez sur votre photo (en haut à droite) → Préférences et confidentialité
- Ouvrez l’onglet Données et confidentialité
- Sélectionnez Données pour l’amélioration de l’IA générative
- Décochez l’option “Autoriser l’utilisation de mes données pour améliorer les modèles d’IA”
Par défaut, cette case est activée. Si vous ne faites rien, vos données nourrissent déjà les algorithmes.
Quand votre carrière devient matière première
LinkedIn ne “vend” pas vos données : il les valorise. Plus ses modèles apprennent de vos profils, plus ses produits Premium deviennent performants — et rentables.
Ce n’est pas illégal, c’est juste la nouvelle frontière du capitalisme numérique : vos compétences, vos posts, vos connexions alimentent la machine qui vous propose du travail. Et n'oubliez le désormais vieil adage du web 2.0 : "Si c'est gratuit, c'est vous le produit."
Pour les candidats au recrutement, ce virage change tout : il faudra intégrer la dimension algorithmique dans votre approche. Mieux comprendre comment l’IA évalue un profil, et comment ne pas devenir invisible dans un système d’appariement automatisé. La question n’est plus de savoir si vous avez un profil Linkedin mais comment vous décidez d’y apparaitre.
🧠 Check-list : 5 questions pour ne pas devenir invisible face à l’IA du recrutement
Jacques Froissant, Fondateur d'Altaïde, cabinet de recrutement digital, et également co-fondateur d'Aqui.Media, nous donne ses conseils.
Les algorithmes de matching analysent désormais votre profil avant qu’un humain ne le voie. Voici comment ne pas se faire éjecter dès la première passe.
1. Mon profil parle-t-il le langage des machines ?
Les IA (LinkedIn Recruiter, SmartRecruiters, Workday, etc.) lisent des mots-clés précis : intitulés de poste standardisés, compétences explicites, noms de technologies.
Si votre profil mentionne “chef de projet digital polyvalent”, l’algorithme peut ne rien comprendre. Écrivez plutôt “Chef de projet digital – gestion de campagnes omnicanales / CRM / SEO”.
2. Mes compétences sont-elles classées et actualisées ?
LinkedIn pèse les compétences déclarées dans ses modèles de recommandation.
Ajoutez vos “skills” les plus recherchées et faire valider celles-ci par votre réseau. C’est un signal algorithmique de fiabilité.
3. Mon parcours est-il cohérent dans la durée ?
Les systèmes d’IA détectent les ruptures ou incohérences temporelles (trous, doublons, missions floues).
Mieux vaut un CV linéaire et clair qu’un patchwork d’intitulés approximatifs.
4. Comment l’IA classe mes chances ?
Les IA de recrutement utilisent des scorings de compatibilité basés sur mots-clés, expérience, localisation et “engagement digital”.
Interagissez avec des contenus liés à votre secteur : c’est aussi un signal de crédibilité pour l’algorithme LinkedIn.
5. Mon profil est-il lisible aussi pour un humain ?
Ne tombez pas dans l’excès inverse : un profil “robotisé” est repérable et peu engageant.
Trouvez l’équilibre : un langage simple, structuré, mais vivant. L’IA doit vous repérer, pas vous remplacer.
📊 À retenir
L’IA ne juge pas votre valeur, elle lit votre signal.
Ceux qui maîtrisent les codes de cette lecture algorithmique gagnent en visibilité, pas forcément en compétence.
Le rôle du recruteur ou du coach, désormais, c’est d’aider les candidats à devenir “IA-ready” sans perdre leur authenticité. N'hésitez pas à vous faire accompagner.
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Par La Rédaction
Auteur
La rédaction d’AQUI.Media prolonge l’esprit libre et régional d’Aqui.fr, média fondé en 2006. Indépendante et ancrée en Nouvelle-Aquitaine, elle explore l’économie, la société et l’innovation, avec un ton engagé, impertinent et sans filtre.
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