Festival de la BD d’Angoulême : l’édition 2026 est-elle déjà morte ?
Angoulême face au vide : boycott massif, gouvernance paralysée, édition 2026 en péril. Le Festival de la BD vacille comme jamais.

Depuis dix jours, tout s’accélère. Et tout s’effondre.
Ce qui semblait être une crise de gouvernance classique autour du Festival de la BD d’Angoulême ressemble désormais à une véritable sortie de route. Une situation suffisamment grave pour qu’on pose la question que personne, à Angoulême comme en Nouvelle-Aquitaine, n’osait encore formuler : y aura-t-il seulement un festival en 2026 ?
AQUI évoquait il y a quelques jours le lent dérapage du Festival de la BD d’Angoulême et de son système devenu ingérable. La suite des événements nous donne raison, et même au-delà.
Un festival de la BD sans pilote, sans éditeurs, sans auteurs
Depuis le retrait immédiat de son opérateur historique, le festival est dans un vide de gouvernance total. L’association FIBD n’a plus d’équipe opérationnelle capable d’organiser un événement d’une telle ampleur. Les collectivités s’interrogent.
Et les auteurs et les éditeurs… boycottent.
Les grands labels de la BD, ceux qui font l’ossature du festival, les stands remplis, les signatures interminables, ont confirmé leur retrait tant qu’un nouveau modèle d’organisation ne sera pas posé noir sur blanc. Aucun signe de retour. Aucun calendrier. Aucun dialogue véritable entre les acteurs.
Du côté des auteurs, même scénario. Plusieurs collectifs ont déjà déclaré qu’ils ne se rendraient pas à Angoulême en 2026 dans ces conditions. Boycott sec, clair, assumé.
On se demande comment avec une telle désertion le festival peut se tenir en janvier 2026 ?
L'association FIBD tente de tenir… mais n’a plus rien à opposer
Officiellement, le FIBD assure que “le festival aura lieu”. Officieusement, personne ne voit comment, ni même ose y croire.
À deux mois de l’événement, il n’y a :
– ni liste d’exposants,
– ni équipes techniques identifiées,
– ni feuille de route précise,
– ni opérateur capable de reprendre le dossier sans temps de latence.
Un démenti n’est pas une organisation. Et les acteurs de la chaîne du livre ne sont pas dupes.
Et le dernier coup d'épée pour achever le quasi mort, vient du Ministère de la Culture :
"J'ai décidé de réduire de plus de 60 % les subventions accordées à cette association", a ainsi annoncé Rachida Dati. Objectif : éviter que "ce festival ne devienne un naufrage" à partir de l'édition 2026.
Pourquoi le Festival de la BD d’Angoulême paie aujourd’hui des années de dérive
C’est le résultat d’un système laissé en roue libre trop longtemps. C’est l’atterrissage brutal d’un système que tout le monde voyait dériver depuis des années sans jamais oser le stopper.
On retrouve toutes les pièces du puzzle décrites dans notre enquête d’origine :
– l’immobilité totale de la gouvernance, malgré les alertes ;
– l’opacité des flux et des process de 9eArt+ ;
– l’incapacité des financeurs publics à imposer une réforme en temps utile ;
– l’erreur stratégique majeure : avoir laissé un opérateur privé devenir indispensable au point de rendre la transition presque impossible.
L’effondrement n’est donc pas soudain : il était inscrit dans le fonctionnement même du festival.
Festival de la BD d’Angoulême : 2026 ressemble déjà à une édition morte-née
Il faudrait un miracle politique et organisationnel pour sauver l’édition prévue fin janvier. Un miracle qui, à l’heure où l’on écrit ces lignes, n’existe ni dans les bureaux, ni dans les budgets, ni dans les agendas.
Angoulême découvre aujourd’hui le prix d’avoir laissé s’installer un modèle fermé, fragile et intenable. Les alertes n'ont pourtant pas manqué. Le fameux « monument de la BD » n’est pas mort. Mais sa survie immédiate semble très compromise.
Et pour l’édition 2026, la vérité s’impose : à ce stade, l’espoir n’est plus une stratégie.
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Par Jacques FROISSANT
Directeur de la publication
Bordelais, œnologue, tout allait bien… jusqu’à ce que je dérape dans l’entrepreneuriat RH pour les startups. 😉 Auteur et chroniqueur (L’Express, FrenchWeb, France 3 NOA...), je suis aujourd’hui cofondateur et rédacteur en chef d’AQUI.Media
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