Nicolas Gaume, de Bordeaux à l’espace : Space Cargo lève 27,5 M€ pour fabriquer en orbite
Space Cargo Unlimited, dirigée par l’entrepreneur bordelais Nicolas Gaume, lève 27,5 M€ pour accélérer la fabrication en orbite. Avec sa plateforme BentoBox et des missions prévues dès 2025, la startup veut faire de l’espace un véritable laboratoire industriel européen.

Nicolas Gaume, le serial entrepreneur bordelais, décroche les étoiles : Space Cargo Unlimited vient d’annoncer une levée de fonds de 27,5 millions d’euros. Une Série A qui figure parmi les plus importantes jamais réalisées en Europe dans le secteur du « in-space manufacturing », autrement dit la fabrication en orbite.
Cette opération a été bouclée avec le concours d’Avolta, qui jouait les conseillers exclusifs. Autour de la table, on retrouve Expansion Ventures en chef de file, épaulé par Eurazeo, la Banque Européenne d’Investissement, le Conseil Européen de l’Innovation, sans oublier le Luxembourg Future Fund II. Bref, une addition d’acteurs qui, chacun à leur manière, voient dans Space Cargo un champion européen en devenir.
Space Cargo Unlimited : le pari de la microgravité
La promesse de Space Cargo Unlimited est simple à dire, mais diablement complexe à réaliser : utiliser les conditions uniques de la microgravité pour développer des produits impossibles à fabriquer sur Terre. Médicaments, matériaux avancés, agriculture spatiale… l’espace devient un laboratoire industriel.
La société a développé pour cela son BentoBox, une plateforme modulable capable d’embarquer des expériences scientifiques et de revenir sur Terre avec les échantillons. Sept missions sont déjà prévues d’ici 2028, les premières devant décoller dans les prochains mois à bord de lanceurs SpaceX.
On n’est plus dans le gadget ou le coup de com’, mais dans un business industriel qui se structure. Le spatial ne se résume plus à envoyer des satellites ou des touristes : il s’agit désormais de produire là-haut, avant de rapatrier les résultats ici-bas.
« Ce n’est pas seulement une levée de fonds, c’est la démonstration que l’Europe peut exister dans l’industrialisation de l’espace », insiste Nicolas Gaume. Avant d’ajouter : « Nous voulons faire de l’orbite basse une véritable extension de nos capacités de recherche et de production. »
Bordeaux, l’espace et le vin
Que vient faire Bordeaux là-dedans ? Son patron, Nicolas Gaume, est né ici, a grandi au Pyla à la Coorniche, et n’a jamais vraiment perdu ses attaches. Les Bordelais se souviennent sans doute de Kalisto l'éditeur de jeux videos de ses débuts. Son coup d’éclat de 2021 avait marqué les esprits, quand il avait envoyé douze bouteilles de vin dans l’espace pour analyser leur vieillissement. Du buzz, certes, mais surtout une preuve de concept sur l’impact de la microgravité sur le vivant. Depuis, il a enchaîné les projets et levé des fonds, convaincu que l’Europe doit jouer sa carte dans la nouvelle course industrielle spatiale.
Une ambition européenne
L’installation de Space Cargo Unlimited au Luxembourg n’est pas un hasard. Le Grand-Duché mise depuis une décennie sur la diversification de son économie par le spatial. Ce financement en est une nouvelle illustration. Mais c’est bien l’Europe tout entière qui est concernée : l’opération traduit une volonté de souveraineté technologique face aux Américains et aux Chinois.
« Ce n’est pas seulement une opération financière, confie Patrick Robin, associé chez Avolta. C’est la preuve que l’Europe peut s’imposer comme un acteur majeur du New Space, avec des industriels capables de rivaliser sur le terrain de l’innovation. »
Un signal pour le New Space
Reste à transformer l’essai. Les défis techniques sont immenses : fiabilité des retours, sécurité des charges utiles, coûts à contenir. Le marché, lui, ne demande qu’à être convaincu. Mais avec 27,5 M€ en poche, des missions déjà programmées et un entrepreneur qui n’a jamais eu peur des paris audacieux, Space Cargo Unlimited devient l’un des symboles du New Space européen.
Et pour Bordeaux, la fierté est double : voir l’un de ses enfants devenir l’architecte d’une future industrie orbitale. Ici, on n’élève pas que du vin, on envoie aussi des capsules !
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