Back Market : du 100% web au retail, 500 magasins en France d’ici fin 2025
Back Market ouvre 500 magasins en France d’ici 2025. La licorne bordelaise du reconditionné passe au retail et à la réparation : décryptage des enjeux et des risques.

Back Market, la licorne française spécialisée dans la vente de produits technologiques reconditionnés, annonce un tournant historique : l’ouverture de 500 points de vente physiques en France d’ici la fin de l’année 2025. Un virage stratégique pour l’entreprise, qui sort à peine d’une période difficile marquée par des licenciements et une recherche accrue de rentabilité. Avec ses bureaux bordelais des Bassins à Flot, où travaillent 170 salariés, Back Market confirme son ancrage territorial tout en prenant un pari.
Back Market : un virage stratégique après une période de turbulence
Depuis sa création en 2014, Back Market s’est imposé comme le leader mondial du reconditionné, avec une présence dans 17 pays, 17 millions de clients et un réseau de 1 800 partenaires. Pourtant, l’entreprise a traversé une zone de turbulence en 2023 : confrontée à un contexte économique incertain et à la pression des investisseurs, elle a dû réduire ses effectifs de 13 %, soit 93 postes supprimés dans le monde, dont 67 en France. « Ce plan de départs s’inscrit dans une dynamique d’anticipation face au contexte économique incertain », expliquait alors une porte-parole, soulignant la nécessité de « s’approcher de la rentabilité ».
Aujourd’hui, Back Market semble avoir tourné la page. Thibaud Hug de Larauze, PDG de l’entreprise, a confirmé son ambition : « Nous allons déployer 500 points de vente en France d’ici la fin de l’année, en partenariat avec un distributeur. » Une première boutique ouvrira également à New York dans les prochaines semaines, preuve que la stratégie est aussi internationale.
Mais pourquoi un tel choix ? La réponse tient en partie aux habitudes de consommation. Aux États-Unis, 70 % des achats de matériel digital reconditionné se font encore en magasin. En France, même si le e-commerce domine, Back Market mise sur une complémentarité entre physique et digital pour toucher de nouveaux clients, notamment ceux qui hésitent encore à acheter en ligne.
Une réponse aux enjeux de l’économie circulaire
L’ouverture de ces boutiques s’inscrit dans une logique plus large : celle de la démocratisation de l’économie circulaire. Back Market ne se contente plus de vendre des produits reconditionnés, il se lance aussi dans la réparation. Un service accessible dès maintenant en France, en Espagne et en Allemagne, qui permet de réparer smartphones, tablettes, consoles et appareils photo, soit ponctuellement, soit via un abonnement mensuel à 6,99 € pour des réparations illimitées.
« La réparation est un levier clé pour prolonger la durée de vie des produits et réduire les déchets électroniques, explique Thibaud Hug de Larauze. Aujourd’hui, les consommateurs ont peu recours à la réparation parce qu’il est difficile de trouver une échoppe de confiance. Nous voulons changer cela. »
Cette initiative arrive à point nommé, alors que la France, comme l’Europe, cherche à réduire son empreinte carbone. Selon Refashion, les Français ont acheté 3,5 milliards de pièces neuves en 2024, soit 10 millions par jour. Un record qui contraste avec les objectifs de sobriété et de durabilité.
Quels impacts pour la Nouvelle-Aquitaine ?
La Nouvelle-Aquitaine, et plus particulièrement Bordeaux, joue un rôle clé dans cette expansion. Le site bordelais de Back Market symbolise l’ancrage local de l’entreprise et son engagement en faveur de l’emploi et de l’innovation.
« L’économie circulaire est un secteur porteur, mais il manque encore de visibilité, souligne un acteur bordelais du reconditionné. L’arrivée de Back Market en physique pourrait aider à changer les mentalités et à créer des emplois locaux. »
D’autant que la région compte déjà des acteurs engagés dans le reconditionné et la réparation, comme les ateliers solidaires ou les friperies technologiques.
Un modèle économique à l’épreuve du terrain
Reste une question : ce virage vers le physique est-il un pari risqué ? Back Market, qui a connu une croissance fulgurante, mise sur une complémentarité entre ses canaux de vente. Mais le retail physique implique des coûts logistiques et humains bien plus élevés que le e-commerce.
L’entreprise, valorisée à 5,1 milliards d’euros, semble cependant prête à relever le défi. «Nous avons atteint la rentabilité en Europe et visons la rentabilité mondiale dès 2026.» assure son PDG. Une confiance qui s’appuie sur une demande croissante pour des produits plus durables et moins chers, dans un contexte inflationniste.
Pourtant, les risques sont réels. Le retail physique exige une gestion rigoureuse des stocks, des coûts fixes élevés (loyers, salaires) et une adaptation constante aux attentes des consommateurs. Après les licenciements de 2023, Back Market doit prouver que sa nouvelle stratégie ne mettra pas en péril sa stabilité financière. Une mauvaise gestion de cette transition pourrait en effet fragiliser l’entreprise, malgré son statut de leader du reconditionné.
Et demain ?
Back Market ne compte pas s’arrêter là. Après la France et les États-Unis, d’autres marchés pourraient être concernés. L’entreprise mise aussi sur l’innovation, avec des services comme l’abonnement à la réparation, pour fidéliser ses clients.
« Notre objectif est de rendre le reconditionné et la réparation accessibles à tous, conclut le PDG. Nous voulons montrer que l’économie circulaire n’est pas une contrainte, mais une opportunité. »
Un message qui résonne particulièrement en Nouvelle-Aquitaine, où les initiatives en faveur de la transition écologique se multiplient. Back Market pourrait bien y trouver un terreau fertile pour son expansion, à condition de maîtriser les défis logistiques et financiers de son passage au retail.
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