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Politique

L'édito politique du lundi (épisode 2) : moins de 24h après Lecornu dit stop

Moins de vingt-quatre heures après avoir annoncé son gouvernement, Sébastien Lecornu renonce déjà. Entre blocages politiques, impasse institutionnelle et président affaibli, la Ve République semble à bout de souffle.

Par Jean-François Puech
Publié il y a 6 oct.
3 min de lecture
L'édito politique du lundi (épisode 2) : moins de 24h après Lecornu dit stop
Démission Sébastien Lecornu

Sébastien Lecornu se moque ouvertement des auteurs d’édito politique. Non, Monsieur le Premier ministre, on ne quitte pas son poste moins de 24 heures après l’annonce de son gouvernement. Plus prosaïquement, on comprend toujours mieux pourquoi le coq est notre emblème…

Crise politique : retour à la case départ

Après vingt-deux jours d’atermoiements, de fausses pistes et de demi-solutions, retour à la case départ. Sous la pression des Républicains LR, des oppositions et d’une opinion publique désabusée, Sébastien Lecornu jette l’éponge.

Cette fois, nous sommes vraiment dans une crise de régime. Entre une Assemblée nationale éclatée en trois blocs de taille comparable mais totalement paralysée, un Président démonétisé, et une Ve République essoufflée, la France vit sans doute l’un de ses moments politiques les plus critiques depuis des décennies.

Dissolution ou chaos institutionnel ?

Le président de la République Emmanuel Macron est confronté à plusieurs options, toutes plus risquées les unes que les autres.La première est la plus simple, mais la moins crédible : nommer un Premier ministre de gauche. Sa durée de vie, face aux Républicains, au Rassemblement National et à ce qu’il reste du bloc central, serait certainement la même que celle de ses deux prédécesseurs.

La seconde option serait la dissolution de l’Assemblée nationale. Elle conduirait à de nouvelles législatives quelques mois avant les municipales, avec le risque de voir le Rassemblement National RN obtenir la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, quitte à réaliser l’union des droites dont certains rêvent depuis longtemps.Ce serait un échec cinglant pour Emmanuel Macron, qui s’est toujours posé en dernier rempart contre l’extrême droite.Pour le Parti socialiste, la situation serait tout aussi délicate : comment préserver ses circonscriptions sans alliance avec La France insoumise, et sans risquer de compromettre les municipales ?

Et si Emmanuel Macron démissionnait ?

Troisième option : le départ immédiat du Président de la République.Elle aurait l’avantage de mettre tout le monde face à ses responsabilités, et d’empêcher (en théorie) Marine Le Pen de se présenter à une présidentielle anticipée.Mais dans les faits, cette option fragiliserait encore davantage la fonction présidentielle, déjà mise à mal par des mois de tensions et d’impuissance politique.

La Ve République à bout de souffle

Jamais depuis mai 1968 la France n’a connu une telle instabilité politique.Aucune issue ne semble aujourd’hui capable d’apporter une sortie de crise sans dégâts collatéraux.La Bourse a chuté de 2 % en quelques minutes, le taux d’emprunt français s’envole, la commande publique est à l’arrêt, et nos responsables politiques semblent au fond du seau.

C’est bien beau de supprimer la thalasso du panier de soins de l’Aide Médicale d’Etat, mais c’en est une autre de gouverner un pays en crise.Nous avons, hélas, les hommes politiques que nous méritons.

Ainsi va la France, en ce début d’automne.

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