TotalEnergies condamnée pour greenwashing : pourquoi votre PME est aussi concernée
TotalEnergies condamnée pour greenwashing. Une première en France qui rappelle aux entreprises, de toute taille, qu’afficher du vert sans preuves peut coûter très cher.
Le tribunal de Paris a sanctionné TotalEnergies pour avoir verdit son discours plus vite que ses pratiques. Une première en France, et un avertissement pour toutes les entreprises, grandes ou petites, y compris en Nouvelle-Aquitaine.
Une condamnation historique, mais un avertissement collectif
Le 23 octobre 2025, le tribunal judiciaire de Paris a condamné TotalEnergies pour pratiques commerciales trompeuses, après la diffusion d’allégations environnementales jugées « susceptibles d’induire en erreur ».
Derrière les grands slogans — « neutralité carbone d’ici 2050 », « acteur majeur de la transition énergétique » —, la justice a vu du greenwashing pur et simple.
Le groupe n’a plus le droit d’utiliser ces formules, sous peine de 20 000 € par jour de retard.
Une décision qui fera date, au moment où les autorités françaises et européennes serrent la vis contre cette écologie de façade qui pollue plus les esprits que les sols.
« Ce n’est pas pour nous, les PME ». Faux.
C’est l’erreur la plus fréquente.
On croit que seuls les géants du pétrole, de la mode ou de l’agroalimentaire sont exposés.
Mais les chiffres racontent une autre histoire.
La DGCCRF a contrôlé 3 000 établissements en 2023-2024 : 15 % présentaient des manquements graves.
Deux ans plus tôt, c’était un sur quatre.
La surveillance monte en puissance et ne distingue plus les multinationales des TPE qui s’affichent “durables” sur LinkedIn.
Un post LinkedIn « éco-responsable », une page web vantant une « démarche durable » ou un emballage « neutre en carbone » sans méthodologie solide peuvent suffire à déclencher un signalement.
Depuis la loi Climat et Résilience de 2021, une allégation écologique non justifiée peut coûter jusqu’à 750 000 € d’amende et cinq ans de prison en cas de diffusion numérique.
Et la directive européenne Green Claims, attendue en 2026, obligera bientôt les entreprises à faire vérifier leurs promesses environnementales par un tiers indépendant.
Les temps ont changé : il ne suffit plus de raconter durable. Il faut pouvoir le prouver.
Des précédents régionaux de greenwashing
L’affaire TotalEnergies n’arrive pas dans le vide.
En 2022, la Maison Martell, à Cognac, a été condamnée pour pratique commerciale trompeuse.
Le label Haute Valeur Environnementale, très présent dans les vignobles girondins, est contesté par plusieurs ONG pour son absence de critères exigeants.
La vigilance gagne du terrain, y compris dans les filières qui se pensaient exemplaires.
Quand la communication devient une preuve
Dans le dossier TotalEnergies, les juges ne se sont pas appuyés sur des campagnes télévisées, mais sur des contenus publiés en ligne : site corporate, communiqués, réseaux sociaux.
La communication numérique est désormais un espace juridique à part entière.
Une PME du BTP vantant des chantiers “à faible impact” sans bilan carbone,
un domaine viticole “écologique” sous label HVE sans changement de pratiques,
ou un hôtel “éco-responsable” qui chauffe sa piscine tout l’hiver : tout cela peut être considéré comme trompeur.
Le risque n’est plus théorique.
Il est économique, juridique, réputationnel.
Trois signaux à bannir de votre communication
Les mots trop larges.
“100 % neutre en carbone”, “acteur de la transition”… des formules impossibles à prouver.
L’absence de preuves.
Pas de données, pas d’audit, pas de méthodologie : la promesse devient mensonge.
Le décalage entre discours et réalité.
Quand les pratiques ne suivent pas, le vernis se transforme en faute.
C’est ce trio qui a conduit à la condamnation de TotalEnergies.
Quand le vert tourne au rouge
Après des années de communication “durable” à bas bruit, la tolérance zéro s’installe. Ce que TotalEnergies vient de vivre n’est pas une exception, mais une jurisprudence.
La société française a atteint le point où la promesse écologique non tenue devient un sujet de justice. C’est une invitation à la lucidité, car derrière la communication se joue la crédibilité collective.
Elle suppose des preuves, des chiffres, des actes.
TotalEnergies vient d’en payer le prix.
Les prochaines affaires viendront peut-être d’un peu plus près.