Le rugby va-t-il supplanter le foot ?
Le rugby séduit par ses stades pleins et son image positive, mais derrière la vitrine, la dépendance aux mécènes, les dérives comportementales et une RSE souvent cosmétique fragilisent le modèle...
Des stades pleins et une image ultra positive
Des stades pleins, des droits TV au sommet, une image ultra positive, le rugby serait en passe de supplanter le foot.
Avec un taux de remplissage proche des 100 %, comme le Stade Rochelais, Bayonne ou Vannes, l’UBB détient le taux de fréquentation le plus important d’Europe.
Avec un stade Chaban, anciennement dédié aux Girondins, situé en ville, très facilement accessible en tram, une équipe sportivement au sommet, l’UBB marche sur l’eau.
Avec lui, c’est tout le rugby pro français qui est porté au pinacle.
Le rugby explose médiatiquement, Dupont est devenu une icône, les valeurs censées incarner ce sport sont portées aux nues.
L’envers du décor
C’est oublier un peu vite la réalité économique : combien de clubs du TOP14 sont aujourd’hui viables sans l’apport de mécènes ?
Si le Stade Toulousain, propriétaire de son stade, reste un exemple unique, la plupart des clubs vivent au-delà de leurs moyens.
L’avènement du professionnalisme a sonné le glas des fameuses primes de match.
Le statut du joueur a grandement évolué.
Les droits TV, boostés par Canal Plus, ont permis l’émergence d’une véritable économie… mais nous ne sommes pas au pays de Candy.
Les dérives du rugby moderne
Cette médiatisation à outrance a aussi mis en avant les errements du rugby moderne : alcool, consommation de cocaïne, propos racistes, violences sexistes et sexuelles.
Nous ne reviendrons pas sur la tournée de l’Équipe de France en Argentine, mais celle-ci fut un révélateur.
Si effectivement le rugby a tous les atouts pour être le sport inclusif de référence, il reste un sport de bipèdes gonflés de testostérone.
En se « démocratisant », le rugby commence à importer les dérives du foot :
- insultes en tribunes,
- respect du buteur en recul,
- intervention des CRS (comme lors de l’access match entre Grenoble et Perpignan).
La saison dernière a été émaillée de faits mineurs mais révélateurs de ce changement.
Les instances parlent de cas isolés et cherchent à minimiser une évolution lente, mais en constante augmentation.
Une économie fragile
L’économie du rugby repose à la fois sur :
- des mécènes, comme au Racing ou au Stade Français,
- mais aussi et surtout sur des partenaires séduits par l’image ultra positive de ce sport.
En laissant de côté les problématiques d’inclusion et en réduisant la RSE à du simple pinkwashing, les clubs, la LNR et la FFR risquent, à terme, de se tirer une balle dans le pied.
Notre fil rouge pour le TOP14
Lors du prochain TOP14, nous allons suivre plusieurs clubs aquitains :
- l’UBB bien sûr,
- mais aussi l’US Dax et la Section Paloise.
Notre objectif ne sera pas le carré vert — laissons ça à Midol et à l’Équipe — mais le côté business :
- comment un club va chercher les ressources nécessaires à sa croissance,
- comment il gère ses hospitalities et anime son réseau de partenaires,
- quelle réelle politique RSE est mise en place ?
Un risque… et une opportunité
Le rugby est à un tournant majeur.
La crise économique que va subir le foot avec la baisse drastique des droits TV représente une opportunité unique de devenir un véritable concurrent du sport roi.
Mais le risque est tout aussi grand d’exploser en vol.
Vivement la reprise du TOP14…
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