La croissance économique boostée par l’économie verte, l’exemple espagnol

Lors des rencontres des Entrepreneurs de France (l’université d’été du M.E.D.E.F.), Marine Tondelier fut franchement applaudie par les patrons français, ce qui reste un exploit pour une écologiste. Son plaidoyer pour l’investissement « vert » venait à rebours de l’intervention de Bruno Retaillau qui souhaite un moratoire sur les énergies décarbonées. Alors que l’économie française est atone, l’Espagne est en passe de réussir sa mutation.

L’Espagne s’est construit une croissance solide, en grande partie basée sur la transition énergétique

Il y a dix ans, l’Espagne luttait contre les séquelles d’une grave crise financière, un chômage élevé et une croissance lente. En 2024, le pays est devenu l’une des économies européennes à la croissance la plus rapide, devançant des acteurs majeurs comme l’Allemagne et la France avec une hausse du P.I.B. de 3,2%.

La résurgence économique de l'Espagne a été alimentée par un afflux d'investissements directs étrangers (I.D.E.), faisant d'elle l'une des destinations européennes les plus attractives pour le capital international. L'un des domaines clés attirant les capitaux étrangers est l'énergie renouvelable où les investissements augmentent de plus de 25% par an. Ce changement s'aligne sur l'orientation stratégique de l'Espagne, qui se détourne des secteurs traditionnels comme l'immobilier pour se tourner vers des industries durables.

L'Espagne est devenue une puissance en production d'hydrogène vert, avec Iberdrola, Repsol et Enagás à la tête de pôles d'hydrogène à grande échelle en Andalousie, en Aragon et au Pays basque. Parallèlement, le pays étend rapidement sa capacité solaire et éolienne, ajoutant cette année 5,8 GW de solaire et 4,3 GW d'éolien, ce qui en fait le deuxième marché solaire et le troisième producteur éolien d'Europe.

Quand Marine Tondelier parle de politique d’investissement, l’exemple espagnol prend tout son sens : le gouvernement et les régions autonomes ont lancé des appels à projets pour une valeur de 77,5 milliards d’euros essentiellement sur les infrastructures durables, le développement du véhicule électrique et les énergies renouvelables.

Une politique pro-immigration choisie et assumée

Le dynamisme économique s’accompagne d’un fort besoin en main d’œuvre y compris qualifiée. Le gouvernement de Pedro Sanchez est à contrecourant des autres pays européens. En 2024, une réforme a réduit les délais de régularisation des travailleurs sans papier. Par ailleurs, Pedro Sanchez présente ouvertement l'immigration comme une chance culturelle et économique. Mais cette immigration provient presque exclusivement de pays où l’espagnol est la langue officielle.

 Sur ce plan, l’Espagne a parfaitement réussi, comme l’Angleterre, sa décolonisation, ce que nous avons été incapables de faire.